Attractivité internationale : L’Île-de-France à l’offensive

LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE ADOPTE LA STRATÉGIE DES MILIEUX D’AFFAIRES POUR ATTIRER LES INVESTISSEURS ÉTRANGERS.

Pour attirer les investisseurs sur notre sol, il ne suffit plus de vanter l’excellence de la formation, des infrastructures ou des dispositifs gouvernementaux en matière d’aides à l’innovation, il faut aussi convaincre les fonds d’investissement que les jeunes pousses de la région intéressent le capital-risque et que, réciproquement sur ce territoire, les start-up étrangères peuvent aussi se financer. Et pour convaincre des professionnels rien de mieux que d’autres professionnels qui partagent les mêmes préoccupations. C’est ce qu’a compris le nouvel exécutif régional qui multiplie les déplacements et visites stratégiques en compagnie d’entrepreneurs franciliens, en s’appuyant sur les événements locaux du monde de l’entreprise.

Les entreprises mises à contribution

« Nous représentons le cadre et les structures qui favorisent l’accueil et le développement des entreprises, mais ce sont bien les professionnels qui, en parlant métier, peuvent susciter l’intérêt chez leurs interlocuteurs, d’une implantation en Ile-de-France », explique Guillaume Amigues, conseiller diplomatique de la présidente du Conseil Régional. Les entreprises françaises présentes dans le pays, mais aussi des entreprises étrangères déjà implantées en Île-de-France, sont mises à contribution pour témoigner de la dynamique francilienne en matière économique, de recherche et d’innovation. Le moyen de crédibiliser le discours et de faire évoluer le regard sur la région. Fin octobre, c’est à New York et Boston qu’une délégation a souhaité mettre l’accent sur les entreprises du secteur médical et de la santé. « Il s’est passé beaucoup de choses sur le numérique, nous voulions susciter le même appétit des entreprises américaines pour le médical. Elles identifient encore peu l’Ile-de-France dans ce domaine », explique Bernard Giry, conseiller économie et innovation de Valérie Pécresse. « Nous avons un ensemble rare d’industries, de laboratoires de recherche, d’établissements d’enseignement supérieur et d’hôpitaux pour renforcer nos positions en la matière ». Des atouts sur lesquels la région fonde également sa candidature à l’accueil de l’Agence européenne du médicament.

Un marketing territorial global

Les services de la Région ont notamment mis en avant les entreprises du pôle de compétitivité Medicen et la manière dont elles s’inscrivent dans la dynamique du plateau de Saclay, où enseignement, recherche et entreprises travaillent de concert. Des échanges concrets, sur la manière de qualifier un médicament aux États-Unis et en Europe, ont ajouté à l’ancrage pratique de cette mission. Ce marketing territorial comprend aussi tous les aspects qui peuvent contribuer à attirer les talents, tels que le logement, les loisirs et, surtout, les établissements d’enseignement pour leurs enfants. La Région veut ainsi multiplier les lycées internationaux comme celui de l’Est Parisien, à Brysur-Marne, qualifié par Valérie Pécresse de « véritable vitrine pour l’Île-de-France », lors de son inauguration en septembre dernier. Une politique d’accompagnement des investisseurs que symbolise la mise en œuvre fin novembre d’un guichet unique qui leur est spécialement dédié « Choose Paris Région » (voir interview de Robin Rivaton).

La place financière en première ligne

D’autres acteurs font aussi feu de tout bois, comme Paris Europlace qui mène une large offensive pour attirer les milieux de la finance suite au Brexit. Depuis le choix des britanniques de quitter l’Union, Paris, Francfort, Dublin ou Amsterdam livrent une lutte acharnée, à grand coup de campagnes de communication, pour attirer les banquiers de La City et ravir à Londres la place de capitale financière européenne. La place de Paris appuie son argumentation sur une étude mettant en exergue sa position de « leader » en Europe en matière de services financiers, devant Francfort et Amsterdam et la diversité des activités financières menées dans la capitale. Paris devance ses concurrentes d’Europe continentale sur la plupart des segments des marchés financiers (actions, obligataires…), mais aussi dans la gestion d’actifs, la banque d’investissement, les fintechs et le capital-investissement. « La France dispose du meilleur écosystème professionnel pour le secteur financier dans l’Union européenne », insiste Gérard Mestrallet, Président de Paris Europlace. Des atouts que Paris met en avant pour convaincre les sociétés financières internationales d’y installer leurs équipes. « Nous avons collectivement, notamment avec Christian Noyer, rencontré une centaine d’entreprises et certaines ont déjà pris contact avec les autorités de régulation pour connaître les modalités d’agrément en France », explique Arnaud de Bresson, Délégué Général de Paris Europlace. Il est vrai qu’il y a urgence. « Les grandes banques internationales qui rayonnent en Europe depuis Londres ont toutes constitué des équipes qui étudient depuis l’été les différentes solutions possibles pour transférer tout ou partie de leurs activités ailleurs en Europe », explique Marc Perrone, associé chez Linklaters.

Lever les freins subsistants

Ainsi, selon le président de JP Morgan France, les rigidités du droit du travail français dissuadent les grandes banques d’envisager des transferts massifs d’activités. Paris Europlace entend donc profiter de la campagne présidentielle pour défendre une série de propositions plaidant notamment pour une fiscalité plus favorable aux actions ou pour la suppression de l’impôt sur les salaires qui touche les banques. Pour Gérard Mestrallet, les résultats des prochaines élections pourraient jouer un rôle crucial dans la décision des sociétés financières de choisir Paris plutôt que Francfort, Milan, Amsterdam ou Dublin…