Entretien avec ANTOINE CHINÈS, délégué général aux jeux olympiques et paralympiques et aux grands événements de la ville de Paris.

La condition essentielle de l’engagement de la ville dans le projet olympique a été le respect d’un cadre budgétaire sobre et réaliste. comment comptez-vous être la première ville organisatrice depuis fort longtemps à ne pas connaître de dérapages en la matière ?

Vous pointez un des vrais risques issus de l’histoire des éditions précédentes. J’ai la conviction que nous pouvons collectivement le maîtriser. Notre concept s’appuie en effet sur 70 % de sites existants et 25 % de sites temporaires, avec seulement 2 équipements sportifs à construire, là où il a fallu en construire 16 à Pékin, 8 à Londres ou 10 à Rio. Or ce sont sur les nouvelles infrastructures que portent les principaux dérapages financiers. Ensuite, nous avons mis en place des procédures en matière de contrôle budgétaire, d’éthique et de transparence inédites. Un rapport des inspections de l’État a été réalisé pour anticiper les risques et apporter les correctifs avant de lancer les travaux.

Enfin, la nouvelle norme adoptée par le CIO en février prévoit 118 mesures concrètes pour réduire les coûts sans dégrader l’expérience olympique.

Le développement durable est au cœur de la stratégie de la ville.

Quelles ambitions affichez-vous pour ces jeux ?

Dès la phase de candidature, nous avons inscrit le projet olympique et paralympique dans le prolongement de l’Accord de Paris pour le Climat. Près de 500 acteurs de la société civile ont été consultés pour construire une feuille de route exemplaire : 0 déchet, 100 % d’électricité verte, d’alimentation certifiée durable, de bâtiments bio-sourcés et de transport propre pour accéder aux sites.

L’objectif c’est une empreinte carbone réduite de 55 % par rapport aux Jeux de Londres.

J’ajoute notre volonté d’accompagner la filière de l’économie sociale et solidaire pour que les Jeux servent son développement.

À cette occasion, Paris accueillera le monde. quelles mesures la ville de Paris entend-elle déployer pour améliorer les conditions d’accueil des spectateurs et touristes et notamment une meilleure maîtrise des langues étrangères dans les commerces ?

Paris est la 1ère destination touristique mondiale. Nous avons battu des records de fréquentation en 2017 avec près de 40 millions de visiteurs. Paris a été distinguée « destination la plus populaire au monde » selon un classement de la plate-forme TripAdvisor. Paris a récemment présenté une stratégie tourisme partagée avec 400 professionnels.

59 actions seront mises en œuvre d’ici 2024 : offre touristique, qualité de la visite, stratégie marketing et promotion, capacités infrastructurelles et outils de gouvernance. Tout y est abordé. Les Jeux sont une formidable occasion pour mobiliser autour de ces engagements dont la qualité de service et la maitrise de l’anglais. Ce qui est formidable avec les Jeux c’est qu’on peut travailler avec tous les secteurs économiques sur le moyen terme. Cela peut créer des dynamiques positives car tout le monde veut en être à sa place et dans son rôle.

Paris n’est pas vraiment réputée pour son accessibilité aux personnes handicapées. comment comptez-vous changer la donne sur ce plan d’ici 2024 ?

La Ville a renouvelé au mois de mars son schéma directeur en matière d’accessibilité. Il se construit autour de deux objectifs majeurs : rendre la Ville accessible à tous les types de handicaps et ne laisser aucun Parisien sans solution d’accompagnement. Par ailleurs, nous travaillons avec le COJO, le comité paralympique et sportif français et tout le tissu associatif pour faire des Jeux un levier d’inclusion, non seulement à travers l’amélioration de l’accessibilité dans la Ville mais aussi par le développement de la pratique sportive et le changement de regard sur le handicap, comme les Jeux de Londres ont transformé la perception de la société britannique