Grands travaux : Les PME veulent leur part du gâteau

Avec la multiplication des projets d’envergures en Île-de-France (JOP 2024, terminal T4 de Roissy, agrandissement de Disneyland Paris…) les TPE et PME entendent bien tirer leur épingle du jeu, d’autant que les donneurs d’ordre ont annoncé leur réserver un pourcentage des appels d’offres.

Le Comité d’organisation des JOP 2024 a multiplié les rencontres ces derniers mois avec les entreprises pour réaffirmer sa volonté de réserver 25 % des marchés aux PME et TPE, ainsi qu’aux entreprises relevant de l’économie solidaire. « Paris 2024 veut s’ouvrir à ces petites entreprises qui donneront une connotation française à ces Jeux. Le moyen d’acquérir une forme de légitimité qui peut permettre d’élargir un marché et, pourquoi pas, de s’exporter à l’étranger », souligne Tony Estanguet, son Président. À quatre ans de l’échéance, il est donc plus que temps de profiter de l’aubaine. Deux plateformes dédiées : entreprises2024.fr et ess2024.org permettent de s’informer en temps réel des marchés et soumissionner aux appels d’offres publics comme privés. Pour accéder à ces précieuses informations, il suffit de s’inscrire. Plus de 6 000 entreprises ont déjà fait la démarche.

Un accompagnement spécifique

« En complément, une structure baptisée « Les Canaux », aide les entreprises à être opérationnelles et à se positionner », indique Slimane Tirera, chef de projet engagement pour le comité d’organisation des JOP 2024. « Nous mettons aussi en place des ateliers sur la méthodologie de réponse aux appels d’offres ». Des réunions d’information portant sur la planification des chantiers par lot ou la nature des chantiers, sont aussi organisées par les MEDEF territoriaux ou la CCI. De quoi mettre tous les atouts de son côté pour figurer sur le podium. Un accompagnement identique sera proposé dans le cadre du projet controversé d’agrandissement de l’aéroport de Roissy, le terminal 4, un chantier pharaonique estimé entre 7 et 9 milliards d’euros, qui fera passer ses capacités d’accueil de 70 à 110 millions de passagers par an. Ce projet doit voir la construction d’un ensemble de bâtiments, de voies de circulation et de réseaux de desserte routière et ferrée interne à la plate-forme, qui répondent à la croissance du trafic aérien mondial et maintiennent l’attractivité et la compétitivité du site. Selon le calendrier prévisionnel, les travaux débuteront en 2021 et le Terminal 4 devrait être totalement opérationnel à l’horizon 2037. Une première réunion d’information sur l’accès des TPE PME et ETI aux appels d’offres a eu lieu fin janvier, organisée par la CCI Paris Île-de-France. Mais de nombreuses associations de riverains et environnementales, ainsi qu’un collectif de 67 élus de tous bords politiques, ne l’entendent pas de cette oreille et demandent l’abandon du projet.

Des règles moins complexes

Le nouveau cadre légal est plus attractif puisqu’il oblige désormais les acheteurs à découper leur offre en lots accessibles aux PME. Si une PME du BTP ne peut envisager concourir à la construction d’un hôpital, en revanche elle peut prétendre au marché de la plomberie par exemple. Ces marchés nouvellement ouverts pèsent quand même 1,5 Md d’euros par an. Depuis 2016, les acheteurs publics sont incités à choisir « l’offre économique la plus avantageuse », ce qui ne veut pas dire la moins chère mais celle qui sur le moyen et long terme se révèlera la plus économique, par l’utilisation par exemple, de produits de qualité durant plus longtemps. Sur ce terrain les PME peuvent souvent être compétitives. « Remporter un marché public est une véritable opportunité pour les PME. La commande publique représente 75 milliards d’euros chaque année, et cela dans tous les secteurs. Avec une telle commande, une PME peut se lancer, durer et se développer », argumente Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises.

Reste que la part des PME dans la commande publique ne cesse de diminuer ces dernières années. Entre 2014 et 2017, elle est passée de 62 % à 57,5 % en nombre de contrats et de 33 % à 29,4 % des montants, note la Direction des Affaires publiques de Bercy.

Des marchés très diversifiés

Les marchés concernent des secteurs aussi divers que la construction, l’événementiel, la sécurité privée, la restauration ou l’accueil. Ils sont publiés au fur et à mesure de l’avancement des préparatifs, avec une accélération prévue à partir de 2021. Par ailleurs, les Jeux de 2024 seront aussi ceux de l’inclusion. Ainsi, 10 % des heures travaillées dans le cadre des opérations de construction, équipement et maintenance des ouvrages olympiques et paralympiques seront réalisées par des personnes en insertion professionnelle.

Décrypter un appel d’offres

Tous les appels d’offres sont désormais accessibles à tous sur la plateforme BOAMP, encore faut-il les comprendre. Car les mentions indiquées sont bien codifiées. Quand on parle de « procédure adaptée », cela veut dire que le montant du marché est inférieur à un certain seuil (134 000 € hors taxes pour les marchés de fournitures et de services de l’État et des établissements publics), et que toutes les entreprises peuvent postuler. À l’inverse, la mention « Procédure formalisée » signifie que le montrant du marché est supérieur et que soit l’acheteur public ouvre l’appel d’offres à tous (il est « ouvert »), soit il a déjà présélectionné quelques entreprises qui sont seules habilitées à candidater (il est appelé « fermé »). Ces seuls termes indiquent à l’entreprise si elle peut candidater ou pas. Mais ce n’est que le début, il faut ensuite regarder les autres critères d’attribution. Les postulants peuvent se faire aider. CCI, associations professionnelles offrent des formations et mettent à disposition des experts qui aident les dirigeants de PME à s’y retrouver. Le guide de la médiation des marchés publics dédié aux PME, baptisé « Osez la commande publique » (téléchargeable sur Internet), propose un chapitre consacré au décryptage de documents de marché et aiguille le lecteur sur la manière de répondre à un appel d’offres.

 

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