Le CDG Express sur les rails en 2024

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La liaison ferrée directe entre l’aéroport Paris-Charles de Gaulle et la gare de l’Est, si souvent repoussée devrait voir le jour en 2024

Avec une autoroute A1 saturée et un RER B surchargé, améliorer l’accès à Paris depuis l’aéroport Charles de Gaulle, où le nombre de voyageurs a encore augmenté de 5,6% en 2017 (69,5 millions), est une nécessité vitale pour Aéroports de Paris (ADP). « C’est une solution répondant aux enjeux de développement durable pour améliorer l’accessibilité de l’aéroport sur le long terme en privilégiant un mode de transport propre. C’est aussi un atout majeur pour l’image de notre pays et pour l’accueil des touristes et hommes d’affaires en France », souligne Augustin de Romanet, Président d’ADP porteur du projet. D’ici à la mise en service en 2024 de cette liaison ferroviaire de 32 km (dont 8 km de voies nouvelles) en 20 minutes, avec un train toutes les 15 minutes, plusieurs étapes restent à franchir.

Un parcours juridique complexe

Enquête publique, déclaration d’utilité publique (DUP), autorisation européenne de prélever une taxe en 2024 d’1€ sur les billets d’avion pour financer la liaison, loi permettant à l’État de concéder à une société privée la construction de CDG Express, puis amendement au budget autorisant l’État à prêter 1,7 Md € nécessaire à la construction… la création de CDG Express relève du cas d’école à étudier dans les facs de droit. Et ce n’est pas fini : il reste à créer cet été ladite société de construction entre ADP, SNCF Réseau et la Caisse des Dépôts, un recours contre la DUP à examiner et une enquête environnementale à mener cet automne, avant le début des travaux attendus pour 2019.

Un chantier ferroviaire très lourd

Les travaux du CDG Express auront un impact important sur leurs territoires et les trains qui les desservent. Il faut s’attendre à des week-ends de coupures sur le RER B et la ligne K, des fermetures de gares pour travaux, etc…

Au menu, dans un calendrier serré de 2019 à 2023 : la création de trois ponts-rails à Mitry-Mory, d’un tunnel de 1,5 km sous les pistes à Roissy, le changement d’équipements ferroviaires (quais, etc.) à Drancy, Aulnay, Le Blanc-Mesnil, Villeparisis ou au Bourget, de gros travaux de génie civil près des voies à Saint-Denis, le renouvellement de ponts et le franchissement de la porte de la Chapelle en viaduc.

Des obstacles politiques

Si le projet avance, les oppositions existent toujours, principalement dans les rangs d’élus écologistes et Front de Gauche, mais aussi d’associations d’usagers des transports ou de représentants de petites compagnies aériennes.

Principaux reproches : le CDG Express, qualifié par ces opposants de « train des riches », traversera la banlieue sans la desservir ET empruntera des voies (celles de la ligne K et du TER Picardie) parfois empruntées par le RER B en cas de problème. S’il y a un souci, qui aura la priorité ?

Une question d’autant plus épineuse que la solution alternative pour les usagers quotidiens, la ligne 17 du métro Grand Paris Express qui doit desservir Roissy, a été repoussée de 2024 à 2027 au plus tôt.

Aux arguments de ceux qui évoquent la mise en place de RER B directs depuis la gare du Nord, ADP rétorque « qu’il n’est pas possible d’insérer des trains rapides, notamment en heures de pointe, entre deux omnibus. Ces trains seraient en effet ralentis fréquemment pour ne pas rattraper le RER B qui précède. Ce système serait un facteur important d’instabilité et de dégradation de l’exploitation du RER B pour les voyageurs du quotidien. La mise en place d’une telle ­solution ne garantirait pas un temps de parcours de 20 minutes comme le garantit le CDG Express ». Les opposants critiquent aussi l’aide de l’État à des sociétés privées qui exploiteront la ligne avec un objectif de rentabilité de 8 M€ par an.

Bref, ADP doit encore convaincre. Pour cela, l’entreprise promet notamment de rénover une bonne partie des lignes ferroviaires empruntées par le CDG Express.

En pratique

Le projet « CDG Express » prévoit un train direct tous les quarts d’heure au départ de la gare de l’Est, à partir de 5h00 et jusqu’à minuit, 365 jours par an. Des zones d’accueil spécifiques pour les passagers seront créées à la gare de l’Est mais également à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle. À l’intérieur du « CDG Express », il est prévu que les voyageurs disposent de grands espaces dédiés aux bagages, des informations sur les vols, des informations touristiques, un accès WI-FI, des prises de courant pour recharger portables et tablettes, etc. ADP estime que le trafic passager lors de la mise en service pourrait être de l’ordre de 6 à 7 millions par an, puis 7 à 8 millions en 2030 et de plus de 9 millions en 2050.

 

Paru dans CAP’IDF n°64