L’invité : Dominique Carlac’h, Vice-présidente du MEDEF

Coprésidente de la Commission Nouvelles Responsabilités entrepreneuriales

Nous vivons une époque de transformations intenses qui suscitent à la fois espoirs et craintes. quel doit être le rôle de l’entreprise pour accompagner ces mutations ?

Les transformations technologiques et écologiques de la société française ne sont pas, bien évidemment, sans conséquence pour l’entreprise. Car ces mutations impactent non seulement les modes de consommation, d’information mais également de production. C’est donc tout le monde du travail qui est en pleine transformation.

Et pour y faire face, l’entreprise doit non seulement les anticiper autant que possible mais également les accompagner. Résister à ces transformations serait vain; lutter contre ces évolutions, serait une erreur.

C’est donc par l’innovation que les entreprises peuvent accompagner ces mutations que ce soit en matière de formation pour adapter les modes de management, faire évoluer les compétences; ou bien en matière technologique, pour répondre aux nouveaux besoins et attentes de la société.

Quelles sont les nouvelles responsabilités de l’entreprise vis-à-vis de ses parties prenantes et de la société ?

Les mutations en cours interrogent particulièrement la manière dont l’entreprise interagit avec ses parties prenantes (collaborateurs, clients, fournisseurs, investisseurs, associations, collectivités territoriales, etc.). Le dialogue avec les parties prenantes est un moyen pour l’entreprise de développer son agilité, de renforcer sa légitimité dans sa zone d’opération et d’anticiper les évolutions de marché. Dans le cadre d’une démarche de RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise), ce dialogue est amené à être plus structuré et approfondi. En outre, l’entreprise est invitée à faire preuve de plus de transparence sur les actions qu’elle mène au regard des enjeux sociaux, environnementaux et économiques. Pour une TPE-PME, non soumise à une obligation de reporting, il constitue un moyen d’expliquer et de valoriser son engagement publiquement.

Comment bâtir une entreprise plus inclusive ?

Bâtir une entreprise inclusive, c’est également bâtir une entreprise plus performante et responsable qui répond aux enjeux sociétaux actuels. En effet, l’entreprise se doit d’être inclusive si elle veut perdurer et ne pas voir son écosystème se dégrader. Cela passe, entre autres choses, par l’engagement de chacun à tous les niveaux de l’entreprise, la diversification et la fidélisation de ses talents, la montée en compétence de ses collaborateurs, la lutte contre toute forme de discrimination mais également par son mode d’organisation, son impact sociétal et son environnement de travail plus agile.

Face aux défis économiques et sociaux, l’intelligence collective de l’entreprise vous apparaît-elle suffisamment encouragée ?

L’intelligence collective est en effet indispensable pour répondre aux défis économiques et sociaux de notre pays. En entreprise, tout part de l’intelligence collective qui constitue l’un des axes forts de la stratégie de croissance et de compétitivité durable de l’entreprise. Pour autant, cette intelligence collective ne va pas toujours de soi et il est essentiel en tant que dirigeant d’entreprise de la promouvoir et d’en faire un des éléments clés de ses méthodes managériales. Favoriser l’intelligence collective c’est faire en sorte que chacun puisse prendre part à l’évolution de son entreprise.

Cela favorise l’expression d’idées nouvelles, accompagne la prise d’initiatives et de responsabilités, démultiplie les pratiques collaboratives, etc. En d’autres termes, cela permet de remettre l’humain au cœur de l’entreprise.

Quelles conséquences une meilleure prise de conscience de ces nouveaux enjeux par le monde économique peut-elle avoir sur la gouvernance de l’entreprise ?

La gouvernance de l’entreprise prend de plus en plus en compte les enjeux sociaux, environnementaux et économiques de son activité. C’est elle qui doit impulser les sujets de nouvelles responsabilités entrepreneuriales. Cette impulsion se traduit notamment par une intégration progressive de ces enjeux dans la stratégie et les processus, par un portage au plus haut niveau de la démarche RSE, ou encore le renforcement et la formalisation du dialogue avec les parties prenantes. Parallèlement, la gouvernance de l’entreprise elle-même évolue pour tenir compte de ces enjeux. Par exemple, la parité et la mixité augmentent au sein des instances de gouvernance (près de 45% de femmes dans les conseils des sociétés du SBF 120 en 2018), et la rémunération des dirigeants intègre de plus en plus de critères de RSE, conformément à la recommandation du Code Afep-MEDEF.

Paru dans CAP’IDF N°67