L’Union des Forgerons, une technique qui traverse le temps

Fondée au début du siècle dernier, en 1912, au cœur de paris par deux maréchaux ferrants : Alphonse Bellamy et Eugène Loubignac, l’union des forgerons est aujourd’hui la dernière forge libre indépendante de France.

À l’époque, l’activité de maréchalerie et de forge collait parfaitement aux besoins des transports équestres parisiens. C’est suite aux inondations catastrophiques de l’hiver 1910, et à l’arrêt de toute activité de transport dans les rues parisiennes pendant plusieurs mois, qu’une dizaine de forgerons se sont regroupés pour mutualiser leur savoir-faire et le peu de travail disponible.

Quelques mois après et le temps de structurer leur nouvelle association, ils choisiront de créer leur entreprise. La guerre de 1914 à 1918 épargna les forgerons qui furent tous mobilisés à l’arrière, pour réparer le matériel qui partait au front.

Tous revenus après l’armistice, l’activité équestre laissa place rapidement à une activité de forge industrielle pour le secteur automobile. La nouvelle entreprise connut alors sa première grande croissance passant de 10 à 20 personnes, mais le destin de l’histoire venait une fois de plus les contrarier avec l’arrivée des soldats allemands à Paris en juin 1940 qui stoppa une fois de plus l’activité.

Par chance tout le monde revint au printemps 1945 pour redémarrer une activité très fortement recherchée pour la fabrication des pièces mécaniques. L’entreprise redémarre pour la troisième fois un cycle qui dure encore aujourd’hui au gré des adaptations, des réorganisations, des investissements…

Une activité artisanale et ancestrale

Basée depuis 1987 à Méréville (Essonne), l’Union des Forgerons qui compte près de 130 salariés, est spécialisée dans la forge libre et le laminage circulaire des métaux.

« Le concept repose sur la transformation des matériaux à chaud de tous les métaux et alliages pour fabriquer de la pièce unitaire ou de la petite série. Comme le fait le maréchal ferrant, le métal est chauffé dans un four et retravaillé par choc ou par pression, pour redonner une forme différente, sans passer par une phase d’usinage ou de soudage », précise Jean-Léry Lecornier, Président Directeur Général de l’Union des Forgerons.

Cette forge dispose de moyens de productions modernes, de qualifications de contrôleurs, de motivation extrême et de professionnalisme du personnel, qui lui permettent d’atteindre son objectif premier de satisfaction client.

« Nous forgeons nos pièces sans outillage particulier. Nous exerçons un métier artisanal, c’est l’homme qui donne la forme à la pièce », ajoute Jean-Léry Lecornier.

L’entreprise s’insère dans des enjeux de production pour fournir des pièces avec des délais courts dans les domaines de pointes tels que l’aéronautique, le spatial, le nucléaire et la pétrochimie. Des pièces ont été fabriquées pour le moteur d’avion Airbus, la fusée Ariane, des équipements de sûreté nucléaire ou encore des forages pétroliers profonds (SUBSEA). Une fois forgées et usinées, les pièces partent aux quatre coins de la France et vers l’étranger en Europe, Asie ou bien même Amérique du Sud.

Une entreprise vivante

Un nouvel investissement de 30 M€, cofinancé par l’État, la Région, le Conseil départemental, la commune de Méréville et la Communauté d’agglomération de l’Etampois Sud Essonne, va permettre de sécuriser son outil de production et d’étoffer son offre technique. Un nouveau site complémentaire, comprenant une presse et un laminoir circulaire, permettant de réaliser des pièces de forme arrondie et des pièces de 10 tonnes (contre 1 tonne actuellement), qui lui ouvre de nouvelles perspectives. Depuis 1912, l’Union des Forgerons a toujours su prendre des virages technologiques et a toujours relevé les défi s qui se présentaient à elle. Une fois de plus, elle va relever celui-ci en investissant également sur les hommes et les femmes qui forment ses équipes aujourd’hui.

« Si le recrutement de certains profi ls techniques est diffi cile, nous arrivons malgré tout à attirer des jeunes talents. Le défi cit d’image de l’industrie est un vrai handicap pour former les jeunes qui seront les technicien(ne)s et les ingénieur(e)s de demain », explique Jean-Léry Lecornier.

Au sein de ses ateliers, l’entreprise compte dans ses équipes la plus jeune forgeronne de France et la seule en forge libre industrielle qui apprend son métier avec le reste des collaborateurs. La preuve est faite que même en forge la parité homme/femme est possible.

Pour en savoir plus : www.union-des-forgerons.com


Paru dans CAP’IDF N°67