« Depuis 2017 nous sommes parvenus à gagner 5,6 % de compétitivité-coût par rapport à nos principaux partenaires » – Franck Riester

Article paru dans #MagCAPIDF, décembre 2021

Entretien avec Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité

Le déficit commercial de la France est endémique. Qu’est-ce qui selon vous explique cette situation ?

Nous avons prouvé avant la crise que le déficit commercial français n’était pas une fatalité. Je rappelle qu’en 2019, nous étions parvenus à améliorer sensiblement notre balance commerciale pour la première fois en quatre ans. Et que, toujours en 2019, plus du tiers de la croissance de notre richesse nationale, la plus forte de la zone euro, provenait directement de nos exportations. Bien sûr, la crise a interrompu cette dynamique, notamment parce que les secteurs les plus touchés par l’effondrement de l’activité économique et du commerce international sont aussi les plus puissants à l’export. Je pense évidemment à l’aéronautique, dont les performances à l’international restent sensiblement en deçà de leur niveau pré-crise.

Le manque de compétitivité est souvent pointé du doigt, mais est-ce véritablement le nœud du problème ?

La compétitivité est la mère de toutes les batailles. Avec la baisse de l’impôt sur les sociétés et des  impôts de production, avec la réforme de la fiscalité sur le capital, nous en avons fait une priorité assumée de la politique économique que nous menons depuis quatre ans maintenant. Avec des résultats probants, puisque, depuis 2017, nous sommes parvenus à gagner 5,6% de compétitivité-coût par rapport à nos principaux partenaires. Mais vous avez raison, ce n’est pas le seul combat à mener. Je pense en particulier à la nécessité de densifier notre tissu exportateur. C’est un axe prioritaire de mon action, là encore avec des résultats tangibles puisque le nombre d’entreprises exportatrices a continué d’augmenter en dépit de la crise pour dépasser les 135 000, du jamais vu en 20 ans. C’est encore trop peu face aux 300 000 exportateurs allemands ou aux 200 000 exportateurs italiens, mais c’est tout de même un acquis très positif que nous sommes déterminés à consolider.

Comment nos entreprises peuvent-elles regagner des parts de marchés à l’export ?

En redoublant d’ambition ! Ce qui fait notre force, c’est l’esprit de conquête qui anime nos chefs d’entreprises exportatrices. Ce sont aussi les solidarités fortes que les acteurs du commerce extérieur ont su tisser avec nos communautés d’affaires à l’étranger. L’offre française gagne le match lorsqu’elle joue collectif. C’est le sens de l’Équipe France Business, l’initiative que j’ai lancée pour donner davantage de visibilité à nos entreprises à l’étranger, et pour fédérer les forces des services de l’État, des opérateurs publics, des grands groupes, des PME, des entrepreneurs français de l’étranger et de l’ensemble de nos partenaires privés au service d’un objectif partagé : gagner toujours plus de parts de marchés. J’ajoute que nos entreprises peuvent s’appuyer sur une carte de visite particulièrement recherchée : leur expertise en fait des partenaires de choix, et leurs engagements sociaux et environnementaux exigeants les distinguent de concurrents moins regardants aux yeux des potentiels clients étrangers.

« Ce qui fait notre force, c’est l’esprit de conquête qui anime nos chefs d’entreprises exportatrices. Ce sont aussi les solidarités fortes que les acteurs du commerce extérieur ont su tisser avec nos communautés d’affaires à l’étranger. »

60% des PME et ETI exportatrices envisagent d’accélérer leur activité internationale, selon le baromètre Capital Export. Comment comptez-vous optimiser leur accompagnement ?

Elles peuvent s’appuyer sur le volet export de France Relance que nous déployons depuis plus d’un an maintenant, avec des mesures désormais bien connues : chèque relance export et chèque VIE bien sûr, mais aussi assurance-prospection, assurance-prospection accompagnement, e-vitrines sectorielles, solutions de veille et d’information personnalisées en temps réel… nous avons fait du sur-mesure pour permettre à nos entreprises de repartir à la conquête des marchés internationaux. Et nous inscrivons cet effort dans la durée, en prolongeant les mesures phares du plan export jusqu’au 30 juin 2022. Toutes les entreprises peuvent y avoir accès en se rapprochant de la Team France Export.

L’attractivité de notre pays est-elle également un facteur favorisant une culture de l’export ?

Oui ! D’ailleurs, je tiens à souligner et à saluer la contribution des entreprises étrangères implantées en France à notre commerce extérieur : elles réalisent près du tiers de nos exportations ! L’attractivité du site France tient aussi à son ouverture sur le marché unique européen, et sur le monde. D’ailleurs, comme vous le savez, la France est aujourd’hui plus attractive que jamais. Cela fait deux ans maintenant que notre pays est en tête des classements européens pour l’accueil des investissements directs étrangers.

Quels sont actuellement les secteurs les plus porteurs sur lesquels nos entreprises disposent de solides atouts ?

Au-delà des secteurs les plus emblématiques de l’offre française, comme l’aéronautique, l’automobile, le luxe, les cosmétiques et la chimie-pharmacie, nos entreprises excellent dans des domaines déterminants pour l’avenir de l’économie mondiale. Je pense en particulier à la ville durable, qui recouvre un vaste champ de savoir-faire essentiels pour concilier croissance économique et démographique d’une part, lutte contre le réchauffement climatique et préservation de l’environnement d’autre part. Je pense à l’énergie, où l’excellence de la filière nucléaire française est un atout majeur. Je pense à la tech, où le dynamisme de nos startups et autres licornes ouvre de nombreuses opportunités, y compris à l’international. Ou encore aux secteurs agricole et agroalimentaire, pour lesquels l’international est déjà un puissant relais de croissance que nous pouvons encore développer.

 

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