Nouveau régime de retraite : il faudra travailler plus !

Article paru dans #MagCAPIDF, juin 2019

Chargé de la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye doit rendre sa copie en juillet. Tour d’horizon des pistes envisagées.

C’est l’un des chantiers majeurs du quinquennat. Emmanuel Macron a demandé de remplacer les 42 systèmes de retraite existants par un régime à points. Jean-Paul Delevoye est chargé d’orchestrer les différentes options possibles qui nous feront ainsi entrer dans un régime universel.

L’âge légal restera fixé à 62 ans

Fin mars, Jean-Paul Delevoye, l’assurait déjà : l’âge minimum de départ à la retraite ne sera pas changé avec la future réforme. « C’est écrit, il restera fixé à 62 ans ». Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse du 26 avril, l’a confirmé « Il serait assez hypocrite de décaler l’âge légal sans avoir réglé le problème du chômage dans notre pays » a-t-il précisé. En revanche, il reste persuadé qu’il faut « travailler plus ». Pourtant pas question pour le chef de l’Etat d’augmenter la durée de travail en renonçant aux 35 heures, ni de supprimer un jour férié. La solution passe selon lui par un allongement de la durée de cotisation, en instaurant « un système de décote qui incite à travailler plus longtemps ». Une analyse que ne partage pas le MEDEF. « La décote est beaucoup moins efficace que le recul de l’âge légal. C’est ce qui a été fait en 2008 avec le passage de 60 à 62 ans. Cette mesure produira des économies de 12 milliards en 2030 », indique son Président Geoffroy Roux de Bezieux, qui a proposé de repousser l’âge légale de départ à la retraite. « Il faut dire la vérité aux Français et repousser l’âge légal. Il faut le faire progressivement par exemple au rythme d’un trimestre par an pour arriver à 64 ans pendant les huit prochaines années et toujours en lien avec l’espérance de vie ». Pour l’organisation patronale c’est la seule voie possible pour pérenniser le système, garantir aux jeunes une retraite et aux retraités, un niveau de pensions acceptable. L’allongement de la durée de cotisation entraînera d’ailleurs de facto un allongement de la durée de vie au travail. Avec un effort à faire pour s’assurer qu’après 60 ans les salariés restent en emploi. Pour le MEDEF, Il y a des mesures à mettre en œuvre. « Si le taux d’emploi des séniors a beaucoup augmenté entre 50 et 60 ans, il nous faut changer un certain nombre de règles pour améliorer les dispositifs de cumuls emploi-retraite ou de retraite-progressive ».

« Le gouvernement souhaite mettre en place un système universel de retraite où il n’y aura plus de différences entre les catégories professionnelles »

Vers un régime unique à points

Dans le système actuel par répartition, les actifs cotisent pour les retraités d’aujourd’hui. Avec 42 régimes différents en fonction des métiers, le système est devenu trop complexe. C’est pourquoi, le Haut-Commissaire Jean-Paul Delevoye souhaite mettre en place « un système universel de retraite où il n’y aura plus de différences entre les catégories professionnelles ». L’idée du « 1 euro cotisé vaut les mêmes droits pour tous les Français » est plus que jamais d’actualité. Les Français disposeront d’un compte unique de retraite où seront comptabilisés leurs points. Les personnes qui seront à moins de 5 ans de la retraite en 2019 ne devraient pas être concernées par la réforme. Pour les autres, les droits acquis avant la réforme seront conservés dans le nouveau système. Conséquence de cette universalité du nouveau régime de retraite, Le calcul de la pension des fonctionnaires va être modifié. Exit la prise en compte des 6 derniers mois pour calculer le montant de la pension. Le calcul devrait se faire sur l’ensemble de la carrière et les primes que les fonctionnaires peuvent recevoir seront prises en compte. Du côté des indépendants, comme ils payent à la fois les cotisations patronales et salariales, la réforme devrait prévoir un mécanisme qui ne leur fera pas subir une violente hausse de cotisations. Mais si les indépendants cotisent moins, ils devraient en toute logique gagner moins de points et donc avoir un montant de pension plus faible.

La fin des régimes complémentaires 

Le nouveau système de retraites, imaginé par Jean-Paul Delevoye, devrait entraîner la fin des régimes complémentaires. En effet, le régime universel par points prendra en compte les revenus d’activité jusqu’à trois fois le plafond de la Sécurité sociale, c’est-à-dire 9 933 euros par mois. Actuellement, le régime de la Sécurité sociale limite le plafond des revenus pris en compte à 3 311 euros par mois. Que se passera-t-il pour les 300 000 salariés qui gagnent plus de 10 000 euros par mois ? Pour préparer leur retraite, ces derniers devront sans doute passer par des mécanismes de capitalisation. Enfin, les pensions de réversion devraient être conservées dans le nouveau système universel et la promesse d’Emmanuel Macron d’une retraite minimale de 1000 euros, pour une carrière complète, devrait être effective dès 2020, selon le gouvernement.

 

Paru dans CAP’IDF N°67