PARIS 2024 en ordre de bataille sur le front de l’emploi

Les Jeux olympiques devraient générer 150 000 emplois et, pour que l’événement profite à tous, 25% des marchés seront réservés aux PME et aux TPE.

S’appuyant sur la charte sociale signée en juin 2018 avec les organisations de salariés et d’employeurs, le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques (COJO) de PARIS 2024, entend anticiper les besoins pour former les personnes et accompagner les entreprises, afin qu’elles puissent participer aux centaines d’appels d’offres qui seront lancés, pour un montant évalué à 5 milliards d’euros. «On va faire quelque chose d’inédit», assure Muriel Pénicaud, ministre du Travail. «Ce sera l’occasion de mêler l’excellence sportive et la valeur sociale dans un même événement, en favorisant la formation, l’insertion des jeunes et l’emploi local».

À partir d’une cartographie précise des besoins de main d’œuvre, «l’idée est de mettre en place avec les différents acteurs, des dispositifs et des formations innovantes, afin que les Jeux Olympiques et paralympiques bénéficient au plus grand nombre», ajoute Tony Estanguet, Président du COJO. Les dispositifs seront essentiellement axés sur les TPE, PME et entreprises de l’économie sociale et solidaire, ainsi que sur les personnes éloignées de l’emploi. Paris 2024 sera une sorte de laboratoire servant de modèle pour les Jeux qui seront organisés par la suite.

Une agence virtuelle dédiée aux JO chez Pôle emploi

Sur le site consultable d’ici la fin de l’année, les postulants trouveront des offres d’emploi et de formations dans les domaines d’activité répertoriés comme le marketing, la restauration, le tourisme ou l’hôtellerie. La Seine-Saint-Denis, un département où le chômage des jeunes dépassent les 28%, sera une cible prioritaire. Un bus aux couleurs des JO ira ainsi à la rencontre de ceux qui ne pensent pas que la manifestation puisse être une chance pour eux, pour leur proposer des emplois et des formations. Un pack sport-emploi, mis au point par le ministère des Sports, proposera à 5000 bénéficiaires d’accéder aux métiers du sport, tandis que les associations et clubs sportifs seront incités à se regrouper pour créer des emplois. Le développement de la pratique sportive, également créatrice d’emplois, sera encouragée.

Une plateforme initiée par le MEDEF au service des TPE-PME

«Entreprises 2024 » concoctée avec le concours du MEDEF, de la CPME et de la CCI Paris Île-de-France, s’affiche comme leur point d’entrée principal. Elle doit favoriser leur accès aux informations liées aux futurs marchés. Une cartographie des emplois à pourvoir leur permet de mieux anticiper les besoins en compétences et en formation, branche par branche.

Les PME sont informées en temps réel sur la publication des marchés et conseillées afin qu’elles puissent répondre aux appels d’offre comme les grands groupes. Des réunions viendront compléter ce dispositif pour échanger les bonnes pratiques. Les entreprises de l’économie sociale et solidaire ne sont pas oubliées, puisqu’un dispositif leur est plus particulièrement dédié pour les aider notamment à se rapprocher des grands groupes, créer des synergies et ainsi candidater aux marchés ensemble.

Un milliard d’euros investis sur la formation

« Nous allons mettre en place les formations nécessaires pour orienter les jeunes sur les métiers qui seront en tension à l’occasion de ces Jeux », indique Valérie Pécresse, Présidente de la Région Île-de-France. Un plan d’investissement et de compétences d’un milliard d’euros vient d’être signé en ce sens avec le ministère du Travail avec, à la clé, 250 M€ par an consacrés à la formation des demandeurs d’emploi sur ces métiers. La plateforme géolocalisée Oriane.info sera également mise à contribution pour indiquer aux lycéens, demandeurs d’emploi et salariés, quels métiers recrutent près de chez eux et quelles sont les formations adaptées.

Tous les métiers des JO seront référencés. Des partenariats sont également initiés avec des start-up, notamment pour dénicher les talents, afin de mettre en relation les personnes en recherche d’emploi avec les entreprises qui recrutent dans les métiers du sport, de l’événementiel, du tourisme et de la construction d’infrastructures et pour apprendre les langues étrangères via l’application Qioz développée par Englisk Attack.

Cette méthode, très pédagogique, qui mêle l’écrit et l’oral, doit permettre aux franciliens, quels que soient leur âge ou leur niveau, de progresser en anglais, allemand ou espagnol. Pour compléter ce dispositif, depuis avril, la 1ère promotion de stagiaires de 3e spéciale volontaires JO (des jeunes qui auront 20 ans en 2024) est en cours de formation. Chaque année, des classes de 3e seront ainsi formées pendant une semaine par le Comité régional du tourisme et de l’accueil.

La Seine-Saint-Denis veut transformer l’essai

Les Jeux olympiques seront-ils une passerelle solide vers l’emploi, dans un département affichant un taux de chômage de 4 points supérieur à la moyenne nationale ? Les prochaines années nous en apporteront la réponse. D’ici là, les acteurs départementaux se mobilisent pour faire fructifier l’aubaine que représente cette fête du sport planétaire. À commencer par l’insertion, puisque la charte adoptée par Solideo (la société de livraison des équipements olympiques), prévoit que 10% des heures travaillées sur les différents chantiers, doivent permettre de fournir un travail à des chômeurs de longue durée ou des jeunes sans formation.

Le Conseil départemental, maître d’ouvrage sur cinq chantiers, a donné l’exemple en décidant de doubler le nombre des marchés réservés aux structures d’insertion. Il mise également sur un accompagnement intensif des allocataires du RSA pour leur permettre de décrocher un emploi sur les métiers en tension. Le territoire de Plaine Commune où se concentrent l’essentiel des sites olympiques, a choisi les valeurs du sport pour relever le défi. Un millier de jeunes sont invités à se former au numérique, passer le permis, apprendre l’anglais…, tout en relevant un défi sportif personnel, comme apprendre à nager ou courir 10 km.

Le Département accompagnera également les entreprises (TPE et PME) sur l’accès aux appels d’offres (25% du volume financier des marchés liés aux JO seront réservés aux entreprises locales) et favorisera leur regroupement pour monter en puissance. Les entreprises intéressées peuvent déjà se référencer gratuitement sur une plateforme Internet de la CCI Paris Île-de-France, afin de se rendre visibles auprès des donneurs d’ordres.

Paru dans CAP’IDF N°67