Alors que le dispositif a facilité ces dernières années l’insertion des jeunes dans les entreprises, les aides à l’embauche sont diminuées de 1,2 Md € et le salaire des apprentis est réduit. Pourtant, le MEDEF avait avancé une proposition de prime unique qui permettrait de maintenir la dynamique tout en réalisant les économies recherchées.
Sous l’effet de la réforme, le nombre de contrats avait progressé de 165 % entre 2018 et 2023, et de 5 % en 2024. Cette belle dynamique risque fort de s’enrayer, avec la diminution des aides à l’embauche et leur différenciation selon les effectifs de l’entreprise. Elle va en effet impacter les recrutements dans les entreprises de plus de 250 salariés, qui avaient pourtant engagé une démarche volontariste en augmentant significativement le nombre d’apprentis au sein de leurs équipes. Une entreprise passant de 249 à 251 salariés verra ainsi le montant de son aide divisé par deux et demi. Cela pénalise la transformation des PME en ETI et créé des ruptures d’égalité entre entreprises de même taille.
Pour une prime unique
En période de croissance ralentie, un tel seuil peut nuire gravement à l’attractivité de secteurs en tension tels que le numérique ou l’ingénierie industrielle et fragiliser certaines filières. De nombreux apprentis issus de grandes entreprises poursuivent en effet leur carrière au sein des TPE-PME de l’écosystème concerné, contribuant ainsi à la vitalité des tissus économiques territoriaux. C’est pourquoi, depuis plusieurs années, le MEDEF milite pour une prime à l’embauche d’apprentis équivalente pour toutes les entreprises et pour tous les niveaux de diplôme. Une prime de 4 500 € qui aurait eu le double avantage de maintenir la dynamique de ces dernières années tout en permettant de dégager une économie budgétaire de 1,2 Md €, soit exactement l’objectif recherché par le gouvernement.
Un financement modifié
La loi de finances 2025 et la loi de financement de la Sécurité sociale ont donc modifié le financement de l’apprentissage et les conditions d’attribution des aides :
• pour les entreprises de moins de 250 salariés : l’aide passe de 6 000 € à 5 000 € ;
• pour celles de plus de 250 salariés : elle est désormais fixée à 2 000 € ;
• pour les apprentis en situation de handicap : l’aide reste à 6 000 €.
Attention, l’entreprise ne pourra pas bénéficier d’une aide à l’embauche d’apprentis au titre d’un contrat d’apprentissage si elle a précédemment conclu un contrat avec le même apprenti pour la même certification professionnelle.
La loi prévoit également une baisse du financement des formations à distance. Un reste à charge sera désormais appliqué lorsque le diplôme ou le titre professionnel visé correspond à un Bac+3. Celui-ci sera certainement forfaitaire et fixé par décret.
Deux mesures de la LFSS impactent par ailleurs la rémunération des apprentis :
• la fraction de rémunération des apprentis excédant 50 % du SMIC est désormais assujettie à la CSG et à la CRDS ;
• le seuil de la part de rémunération sur laquelle les apprentis bénéficient d’une exonération de cotisations sociales, passe de 79 % à 50 %.
Autant de signaux qui risquent d’affaiblir un levier essentiel de l’accès à l’emploi et de la montée en compétences des jeunes.
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