Avec un parc de 80 000 logements en gestion et plus de 160 000 clients logés, le groupe in’li, créé le 31 mars 2025, est, aux côtés de la Caisse des Dépôts, l’un des principaux acteurs du marché du logement à prix maîtrisé. En proposant une offre inférieure de 15 % au prix du marché privé, il entend bien accélérer d’ici 2 à 3 ans sur l’une de ses vocations premières : faciliter l’accession à la propriété des salariés et des jeunes actifs. Entretien avec Daniel Weizmann, président du Conseil d’administration d’in’li.
À quelle demande le logement intermédiaire répond-il ?
Apparu en 2014, le logement intermédiaire constitue une véritable alternative pour les salariés et les jeunes actifs dont les revenus dépassent les plafonds du logement social, mais restent insuffisants pour accéder au marché privé, souvent trop onéreux. Il propose ainsi des loyers plafonnés, plus accessibles. Actuellement, l’écart entre ces deux marchés ne cesse de croître en Île-de-France : 13 € le m2 dans le social contre 28 € le m2 dans le privé. Une situation qui crée de fortes tensions et nuit à l’attractivité des entreprises, les salariés ne pouvant se loger à proximité de leur lieu de travail.
Le modèle économique du logement à prix maîtrisé nécessite de disposer d’importants fonds propres.
Comment parvenez-vous à développer une offre massive de logements à prix maîtrisés ?
Le modèle économique du logement à prix maîtrisé nécessite de disposer d’importants fonds propres, alimentés par la Participation des Employeurs à l’Effort de Construction (PEEC), ancien 1 % patronal, l’engagement des investisseurs, le recours à des prêts et le produit de la location des appartements. À cela s’ajoute ce qui fait notre particularité : la possibilité pour nos locataires de devenir propriétaires de leur logement dès la 11e année d’occupation. Des ventes qui viennent renforcer nos fonds propres et donc nos budgets d’investissement. Avec Éric Balci, directeur général d’in’li, nous avons engagé la filialisation des 4 in’li en régions (in’li Aura, in’li Paca, in’li Sud-Ouest et in’li Grand Est) auprès d’in’li Île-de-France pour devenir un groupe national en mars dernier. Notre modèle économique est aujourd’hui unique : nous sommes une foncière résidentielle de développement fondée sur une politique de cession qui vise à accompagner le parcours résidentiel et à dégager les financements pour produire plus de logements neufs. Pour convaincre la communauté financière, nous avons veillé à consolider notre santé économique – des efforts récompensés en juin dernier par une excellente note des agences de notation qui scrutent notre gestion. En effet, in’li a vu sa perspective de notation révisée à la hausse par Moody’s, bénéficiant ainsi d’une des meilleures notations financières du secteur immobilier en Europe. De quoi nous ouvrir de belles perspectives pour mieux répondre à la demande : notre objectif est de construire 4 000 logements par an.
Notre objectif est de construire 4 000 logements par an
Mais l’accumulation de normes techniques et environnementales n’a cessé de renchérir le coût du logement. Faut-il revoir ce cadre réglementaire pour permettre justement à davantage de Français d’accéder à la propriété ?
Nous sommes dans une situation paradoxale. D’un côté, ces normes nous ont permis d’atteindre un standard de qualité qui a valorisé notre parc (un actif de plus de 12 Md €), un logement neuf consommant jusqu’à 5 fois moins d’énergie. Et d’un autre côté, la norme RE2020 a renchéri de 5 à 10 % le coût de construction, rendant l’accession à la propriété plus difficile pour les ménages, dans un contexte d’augmentation des taux. Cela nous oblige à chercher en permanence un juste équilibre entre des prix de vente acceptables et un portefeuille d’actifs de qualité, capable d’attirer les investisseurs.
Le Fonds vert peut-il aider les maires qui souhaitent construire davantage sur leurs communes ?
Il offre l’avantage de pouvoir libérer plus facilement du foncier en permettant le réaménagement des friches. Des opérations complexes qui nécessitent souvent des travaux de dépollution et de déconstruction. Nous avons ainsi inauguré en juin dernier, à Suresnes, notre première opération de transformation d’un immeuble obsolète de bureaux en 73 logements. Quand on sait que 5 millions de m2 de locaux professionnels sont vacants en Île-de-France et que beaucoup de communes cherchent à rééquilibrer la typologie de leur population, le logement à prix maîtrisé a donc de beaux jours devant lui.
Quel accompagnement proposez-vous à vos locataires tout au long de leur parcours résidentiel ?
Il s’agit de proposer à nos clients, tout au long de leur parcours résidentiel au sein de notre parc, une écoute attentive, via une cellule dédiée, pour mieux répondre à leurs attentes et besoins. L’objectif est qu’ils se sentent bien dans leur logement, que celui-ci puisse s’adapter à l’évolution de leur situation familiale, afin qu’à terme, ils aient envie de l’acquérir grâce à notre dispositif d’accession à la propriété. Actuellement, nous n’avons que 2 à 3 % d’acquéreurs parmi nos locataires. Nous souhaitons porter ce chiffre à 7 %, en franchissant la barre des 5 % d’ici 2 à 3 ans. Un enjeu crucial, car 5 % de ventes représentent 1,1 Md € de fonds propres.
De quelle manière avez-vous été affectés par la crise de l’immobilier ?
Le marché francilien vous semble-t-il repartir ? Depuis plus de 3 ans, la crise a été particulièrement aiguë. Nous avons dû faire face à l’augmentation des taux d’intérêts, du prix du foncier, du coût de la construction et de la taxe foncière. À cela s’est ajoutée une politique gouvernementale peu favorable au logement. Résultat : le marché immobilier s’est figé et ne devrait pas repartir avant fin 2026, bon nombre de projets étant gelés jusqu’aux élections municipales. Notre groupe, géré paritairement, a su prendre ses responsabilités, en privilégiant la vente des appartements à l’unité plutôt qu’en bloc, afin de gagner en souplesse financière, et en acquérant en bloc des immeubles que les promoteurs ne parvenaient plus à vendre. Nous sommes d’ailleurs les seuls, avec la Caisse des Dépôts, à disposer d’une surface financière suffisante pour pouvoir le faire. Mais le secteur a besoin d’un coup de pouce de l’État, qui pourrait réactiver le dispositif Pinel ou un équivalent. Ce dernier représentait environ 30 % des logements neufs et rapportait chaque année 80 Md € à l’État, au travers des taxes sur les ventes. Une chose est certaine : chez in’li, nous continuerons à accompagner les projets ambitieux qui contribuent à renforcer l’attractivité des territoires.
in’li en Île-de-France
43 269 logements en gestion
+100 000 locataires
861 collaborateurs
Paru dans #MagCAPIDF