Entretien avec XAVIER BARTH président de l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (UNICEM) Île-de-France

On associe très souvent les matériaux minéraux aux seuls secteurs du bâtiment et des travaux publics pourtant leur utilisation est beaucoup plus vaste. Quels sont les autres domaines d’application ?

En effet, la grande majorité des matériaux produits en carrières sont utilisés dans le BTP pour des usages quotidiens de l’aménagement du territoire :

  • Dans le secteur du bâtiment avec la construction de locaux industriels ou tertiaires et de logements : utilisation du béton prêt à l’emploi fabriqué à partir de ressources issues des carrières ou utilisation de la pierre de construction pour les logements seulement ;
  • Dans le secteur des travaux publics pour les rénovations routières, la gestion de réseaux enterrés, la construction d’infrastructures de transports, le génie civil, etc…

Les ressources extraites en carrières servent aussi à d’autres usages tels que la fabrication de peintures, l’alimentation animale, le dentifrice, l’amendement des terres agricoles, la fabrication d’aciers, l’industrie du verre, la filtration d’eau (de la piscine individuelle à l’usine de traitement d’eau), la fabrication de mortiers etc..

Cette diversité suppose un large éventail de métiers. Comment accompagnez-vous leur évolution et rencontrez-vous des difficultés de recrutement ?

Comme dans bon nombre de secteurs, nos entreprises font face à des difficultés de recrutement. Pourtant, notre fédération a mis en place un service de formation adapté et répondant aux besoins des entreprises. Cela passe à la fois par la formation continue, avec notamment des certificats de qualification professionnelle (CQP) spécifiques aux métiers les plus recherchés (pilote d’installation, chef de carrière, etc.), et par la formation en apprentissage dispensée par UNICEM Campus sur les 3 établissements en France, chacun avec ses spécificités.

Quelles sont les conséquences du ralentissement actuel de l’activité dans la construction ?

L’année 2024 a été compliquée en Île-de-France, car nous avons enregistré une chute de la production de granulats de l’ordre de 10 % et de 20 % pour le béton prêt à l’emploi. Nous sommes la région qui a connu la plus forte baisse en ayant atteint des niveaux bas jamais connus, notamment du fait du ralentissement des chantiers en phase de Jeux olympiques. Cela a forcément des répercussions sur l’emploi. Mais cela engendre également des réflexions stratégiques dans les entreprises pour ajuster les appareils de production à la demande. Enfin, cela limite les investissements généralement lourds sur les installations industrielles de nos entreprises.

Votre filière est au cœur de la réalisation du réseau de transport du Grand Paris. Quels sont vos différents niveaux d’implication ?

Effectivement, notre filière joue un rôle majeur dans la construction de ce chantier gigantesque. Nos entreprises sont intervenues à plusieurs niveaux. Premièrement, elles ont mis à profit leur maillage pour réceptionner les déchets inertes issus du creusement par les tunneliers et les expédier par voies fluviales et ferroviaires vers des carrières à remblayer à des fins de valorisation. Deuxièmement, nos entreprises ont su répondre à la demande en béton prêt à l’emploi qui a engendré une production supérieure d’environ 8 à 15 % selon les périodes par rapport à des années dites « classiques ». Enfin, la filière granulats a approvisionné à la fois les centrales à bétons, mais a aussi fourni des matériaux pour la construction des voies de chemin de fer ou pour la partie TP avec, parfois, des granulats recyclés qui répondaient bien sûr aux exigences des cahiers des charges.

« L’année 2024 a été compliquée en Île-de-France (…) Cela a forcément des répercussions sur l’emploi, et sur les réflexions stratégiques dans les entreprises pour ajuster les appareils de production à la demande. »

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