« Le redémarrage de l’activité a profité aux jeunes » Nadine Crinier, Pôle emploi Île-de-France

Paru dans #MagCAPIDF, avril 2023

Directrice régionale de Pôle emploi Île-de-France, prend la parole dans CAP’IDF. Elle revient sur le marché du travail dans notre région, les accompagnements et mesures proposés aux jeunes et les opportunités à leur disposition. Entretien.

En Île-de-France, le marché du travail est dynamique (+ 21 % d’offres déposées en 2023) et les chiffres du 4e trimestre 2022 indiquent une baisse globale du nombre de demandeurs d’emploi (603 410 demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A au 4e trimestre 2022, soit une baisse de 9 % en un an). Parmi eux les jeunes de moins de 25 ans. Ils sont un peu de plus de 62 000 inscrits en catégorie A (soit 9,6 % de moins qu’il y a un an). S’ils ont été parmi les premiers à souffrir des conséquences économiques de la crise sanitaire, nous voyons au terme de l’année écoulée que le redémarrage de l’activité leur a profité.

Un accompagnement socioprofessionnel inédit avec le CEJ

Parmi nos dispositifs d’accompagnements des jeunes, il y a le Contrat d’Engagement Jeunes (CEJ) qui vient de fêter sa première année de déploiement. Pour rappel, le CEJ c’est un parcours d’accompagnement qui fait le pari de l’intensité. En contrepartie d’une allocation de 520 euros, au maximum, les jeunes doivent s’engager à réaliser 15 h à 20 h d’activités par semaine. Dans chaque agence francilienne, 1 à 4 conseillers sont dédiés à cette activité et accompagnent un portefeuille de 30 jeunes. Les actions peuvent être individuelles ou collectives mais toujours au plus près de la situation personnelle du jeune. Mission Locale ou Pôle emploi peuvent prescrire ce dispositif. L’orientation est réalisée en fonction de la situation du jeune, de ses besoins et nos actions sont complémentaires.

Avec le CEJ, Pôle emploi offre un accompagnement socioprofessionnel inédit. On leur propose des ateliers pour apprendre à comprendre une offre d’emploi, à préparer des entretiens, des simulations avec des recruteurs ou encore des ateliers pour booster son CV, son image et se démarquer. C’est également une action en faveur de l’apprentissage de l’autonomie. Parmi les jeunes que nous rencontrons, certains ont eu des parcours non linéaires qui les ont éloignés des réflexes, attitudes et habitudes indispensables à la recherche d’emploi. Le succès réside dans la durabilité du lien entre le conseiller et le jeune pour réinvestir ces champs. Pour le maintenir en utilisant les pratiques numériques des jeunes, une application a été créée. Les retours sont bons : elle est intuitive, fonctionne comme un tchat pour une relation plus informelle. En 2022, 17 249 jeunes ont fait l’objet de cet accompagnement.

Un tiers des jeunes accompagnés de manière intensive

Si le CEJ a conféré à Pôle emploi une expertise reconnue dans le suivi de ce public, l’accompagnement des jeunes par Pôle emploi n’a pour autant pas débuté avec ce dispositif. Avant existait l’Accompagnement Intensif des jeunes (AIJ). Ce dernier n’a pas disparu et ces deux dispositifs coexistent désormais. Ils se complètent, et en Île-de-France, ce sont un tiers des jeunes qui sont accompagnés de manière intensive.

« EN ÎLE-DE-FRANCE, CE SONT UN TIERS DES JEUNES QUI SONT ACCOMPAGNÉS DE MANIÈRE INTENSIVE. »

En 2022, nous avons posé les fondations du CEJ, notre enjeu pour l’année à venir : accélérer le retour vers l’emploi de ceux qui en bénéficient. Toutes les situations ne sont pas similaires et si certains jeunes ouvrent la porte de nos agences, d’autres sont en revanche plus difficiles à identifier, comme les jeunes éloignés de l’emploi, envers lesquels nous menons une politique
volontariste d’événements hors les murs pour déplacer l’offre de service de Pôle emploi en dehors de l’agence et créer un premier contact. Dans notre rôle d’opérateur public de l’emploi, notre action pour accompagner les jeunes s’incarne via notre positionnement avec les entreprises. Les quelque 750 conseillers spécialisés dans la relation aux entreprises ont entre autres missions de leur présenter les aides auxquelles elles peuvent prétendre si elles embauchent un jeune talent. On peut citer les emplois francs pour favoriser le retour à l’emploi des jeunes résidant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).

De nouvelles pratiques de recrutement

Cette proactivité à destination du tissu économique se matérialise aussi dans l’accompagnement vers de nouvelles pratiques de recrutement. Certaines entreprises continuent d’imaginer un collaborateur qui n’existe pas et dans le contexte qui est le nôtre, il nous appartient de présenter à la fois la compétence et l’individu. Le travail sur les soft-skills est porteur de sens, comme dans les opérations du « Stade vers l’emploi » qui font la part belle aux compétences transférables du sport vers l’entreprise. Faire le choix de prendre un jeune en immersion c’est se donner la possibilité de rencontrer son futur salarié. Et d’ailleurs, dans 7 cas sur 10, une embauche est réalisée dans les 12 mois. Une démarche sécurisée qui permet d’aller chercher les compétences là où elles sont le moins visibles.

« FAIRE LE CHOIX DE PRENDRE UN JEUNE EN IMMERSION C’EST SE DONNER LA POSSIBILITÉ DE RENCONTRER SON FUTUR SALARIÉ. »

Enfin, la période est propice. Le marché du travail est dynamique et les offres sont nombreuses. En Île-de-France, l’organisation des JOP 2024 constitue une formidable opportunité de travailler pour un événement de stature internationale. Transport, restauration, sont parmi les secteurs qui recrutent avec des besoins sans précédent, tout comme les métiers de la sécurité. Un Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) de 106 h pour les étudiants a d’ailleurs été mis en place. Les opportunités pour les jeunes existent, nous devons les porter à leur connaissance et les accompagner dans leur retour durable à l’emploi.

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