#Présidentielle2022 | « Les priorités de l’organisation patronale » Entretien avec Dominique Carlac’h

Au cœur du débat politique, Dominique Carlac’h, Vice-présidente du MEDEF, nous précise quelles sont les priorités de l’organisation patronale.

Quels enseignements retenez-vous de la REF présidentielle ?

Nous avons organisé la REF présidentielle parce que nous estimions que la campagne présidentielle actuelle ne parlait pas assez d’économie ou d’entreprise bien que ces sujets soient au cœur de la vie quotidienne des Français. C’est justement ce que cette REF a mis en lumière.

J’en retiens trois enseignements :

– D’abord, l’entreprise est devenue un élément de consensus du Parti communiste au Rassemblement national, notamment autour de la question de la réindustrialisation du pays, bien que nous soyons parfois très opposés à certaines propositions avancées.

– Ensuite, les candidats ont pointé un objectif commun, avec des recettes différentes, celui du défi climatique. Les candidats ont pris conscience qu’ils auront besoin des entreprises.

– Enfin, il y a un consensus sur la baisse des impôts de production. Ces derniers ont beaucoup handicapé l’industrie française. La prise de conscience est majoritaire : il faut baisser les impôts de production pour investir dans les transitions climatique et numérique.

La souveraineté et le produire en France sont des thèmes forts de cette campagne. Quelles sont les filières à privilégier pour reconquérir du terrain ?

La souveraineté économique est un levier de croissance. La France doit consolider et développer des filières d’excellence. C’est ainsi que nous pourrons garantir notre autonomie d’approvisionnement stratégique sur les chaînes de valeurs vitales. Je pense à l’hydrogène, le nucléaire, aux gaz renouvelables, à la mobilité durable, l’agroécologie ou encore aux semi-conducteurs. Le MEDEF a formulé des propositions concrètes pour reconquérir une autonomie stratégique à l’échelle européenne sur les filières-clés et bâtir un leadership technologique. J’en cite quelques-unes : renforcer le soutien aux entreprises et aux filières stratégiques au travers d’outils de pilotage public-privé, favoriser la réalisation d’activités stratégiques en France, comme l’exploitation de minerais ou encore améliorer la coordination entre les Comités stratégiques de filière et les filières européennes.

Avec les transitions écologique et numérique de nombreux métiers sont en mutation. Comment accompagner plus efficacement entreprises et salariés en la matière ?

Ces deux transitions jumelles que vous évoquez vont impliquer des investissements colossaux, et des mutations dans tous les secteurs qui impliquent un développement des compétences : la jeunesse en particulier est une priorité dans la stratégie collective de transformation de notre économie et la formation d’un levier de croissance d’avenir. Pour le MEDEF, la formation et l’investissement dans les compétences sont des réponses aux défis que posent ces deux transitions. Car pour se préparer au changement il faut y être formé : il faut avoir conscience de ce qu’impliquent ces transitions sur le marché et l’organisation du travail et sur les compétences attendues… Les métiers ont déjà commencé à évoluer dans de nombreux secteurs d’activité… Sous le double effet de la transition numérique et de la transition écologique, certains ont disparu pour laisser la place à de nouvelles pratiques. Et ce n’est pas fini, 85 % des emplois de 2030 n’existent pas encore… il faut avoir le courage de le dire : faute d’adaptation et d’accompagnement, d’autres entreprises vont disparaître, d’autres salariés vont perdre leur emploi. Notre responsabilité collective, c’est donc d’investir dans la formation professionnelle initiale et continue pour permettre à ces entreprises et à leurs salariés de rebondir.

Le prochain président ne risque-t-il pas d’avoir les ailes coupées par l’état de nos finances publiques ?

Notre déficit public s’est en effet considérablement creusé avec la crise de la Covid 19. S’orienter vers une trajectoire plus soutenable des finances publiques est par ailleurs nécessaire pour préserver notre indépendance économique. Le Medef plaide pour des finances publiques maîtrisées et pour une compétitivité robuste car cette dernière est la clé d’une croissance forte et responsable. Lors de la crise sanitaire, certains secteurs, comme le tourisme, ont été très affectés. Nous avons observé la formidable capacité de résilience des entreprises, notamment en Île-de-France, pour se maintenir à un haut niveau de compétitivité et d’excellence. A cet égard, nous recommandons de poursuivre la baisse des impôts de production pour les ramener à la moyenne de l’Union européenne. C’est ainsi que nous améliorons l’attractivité des territoires et soutiendrons leur redynamisation économique.

Dans ce contexte quels doivent être les chantiers prioritaires du prochain quinquennat ?

Le MEDEF a identifié 4 chantiers prioritaires : bâtir une croissance forte et responsable, seule capable de soutenir le pouvoir d’achat, de rendre possible la transition écologique et de financer notre modèle social. Améliorer ensuite notre compétitivité en dépensant mieux et en taxant moins, notamment en favorisant l’investissement et en relocalisant ce qui doit l’être. Puis, nous l’évoquions au début, il nous faut reconquérir notre souveraineté économique, technologique et numérique ainsi que notre autonomie stratégique.  Enfin et bien sûr, réaliser la transition vers un capitalisme décarboné et à ce titre, investir massivement.

 

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