RAFAUT : futur champion européen de l’aéronautique

Article paru dans #MagCAPIDF, décembre 2021

PME familiale, le Groupe Rafaut a entamé une évolution de son modèle pour devenir un acteur incontournable du secteur. Au programme : acquisitions, réorganisation et modernisation. Retour d’expérience.

Créée au début des années 40, cette entreprise de mécanique est spécialisée dans les systèmes d’emports et d’éjection, les réservoirs carburants et toute une palette d’équipements pour le secteur aéronautique. Des pièces très techniques pour les programmes développés par Dassault, Airbus, Safran, Thales, ou Bell Helicopter. Depuis trois ans, elle connaît une phase de croissance rapide, qui lui a déjà permis de quadrupler sa taille. Une expansion qui ne doit rien au hasard. L’entreprise s’est en effet fixé comme objectif de devenir un vrai équipementier aéronautique européen, civil et de défense, à l’horizon 2025. Une ambition qui nécessite une taille critique.

Un parcours d’évolution technologique

« Nous avons cerné les acquisitions les plus à même d’accélérer notre évolution grâce à leurs complémentarités avec les nôtres », précise Bruno Berthet, Président de Rafaut. À son actif, l’acquisition d’AEds (réservoirs largables) en 2019, de Secapem (systèmes d’entrainement pour pilote) en 2020, de Lace (délesteurs multirôles pour le segment des hélicoptères) en 2021, puis d’Alkan et Seca automatismes (systèmes d’emport et d’éjection). Une stratégie épaulée par le fonds d’investissement HLD, arrivé en 2018 et aujourd’hui actionnaire majoritaire (55 %), aux côtés d’ACE (Tikehau), d’Etoile Capital et de BNP Paribas. Pour donner de la cohérence et valoriser les compétences, la société s’est engagée dans une vaste réorganisation de ses sites, en les spécialisant sur la base de techniques différenciantes. « Cette évolution nous permettra de moderniser l’outil de production, en adhérant vraiment aux concepts de l’industrie du futur », indique Bruno Berthet. Les enjeux pour le Groupe sont : une forte réactivité sur la chaîne de valeur tout en maîtrisant la qualité, l’attractivité et l’implication des collaborateurs et enfin, la nécessité d’être initiateur dans les domaines de l’excellence opérationnelle et de l’innovation. Pour y répondre, l’entreprise a engagé la robotisation et l’automatisation de la production, l’organisation robuste et flexible des conditions de travail, la prise en compte des aspects environnementaux et enfin, un système de supervision centralisé sur le site de Valenciennes.

Une modernisation 4.0 des outils de production

Pour améliorer sa compétitivité, ses performances industrielles et son attractivité, le Groupe a fait le choix d’intégrer le programme « Usine du futur » porté par le GIFAS sur ses sites de Villeneuve-la-Garenne et de Witry-lès-Reims, avant d’intégrer bientôt la grappe Grand-Est pour son site de Baccarat. « La modernisation de notre site de Villeneuve-la-Garenne portera tout d’abord sur la digitalisation de nos données de production », souligne Bruno Berthet. Les collaborateurs auront ainsi accès à l’ensemble des instructions sur écran et pourront enregistrer toutes les étapes de contrôle de fabrication des pièces pour en assurer le suivi. Les outils 4.0 seront installés en janvier 2022 avec un déploiement complet sur 12 mois. Ils amélioreront l’accès à l’information pour les collaborateurs mais également la traçabilité et garantiront une qualité de la production. Sur le site de Witry-lès-Reims, la modernisation qui devrait être opérationnelle fin 2022, portera sur un outil de pilotage des flux de production. Des investissements d’environ 3 M€ qui permettront de développer une intelligence collective dynamique.

« Nous avons cerné les acquisitions les plus à même d’accélérer notre évolution grâce à leurs complémentarités avec les nôtres »

Être partie prenante de tous les grands programmes aéronautiques

Bruno Berthet affiche clairement ses ambitions : « Nous souhaitons participer à tous les principaux programmes aéronautiques européens des prochaines années ». Dans le secteur de la défense, l’entreprise entend être au rendez-vous du Système de Combat Aérien du Futur (SCAF), de l’Euromale (gros drone d’observation) ou à plus court terme des évolutions du RAFALE ou de l’Hélicoptère Interarmées Léger (HIL). Dans le domaine de l’aéronautique civile, où elle accompagne Airbus sur la plupart de ses programmes à commencer par l’A320, elle se positionne déjà sur l’avion bas carbone. « Nous sommes aujourd’hui force de proposition avec des solutions dérivées de nos compétences liées à la défense, contribuant à relever les défis techniques pour respecter les engagements environnementaux » assure le président du Groupe Rafaut, qui lorgne déjà sur les nouveaux projets de Boeing. Il s’agit de mieux répartir l’exposition de l’entreprise sur un plus grand nombre de programmes aéronautiques. Un développement qui s’accompagnera de vagues de recrutements sur des typologies très différentes, comme des postes d’ouvriers et techniciens en production, d’ingénieurs pour les bureaux d’études, des métiers supports et connexes à la production (contrôleur qualité, ingénieur supply-chain…), des fonctions transverses (RH, commerce, …). L’entreprise a d’ailleurs mis en place une politique d’alternance pour créer un futur vivier de candidats et des collaborations avec des partenaires externes, pour faire face aux tensions sur les métiers techniques.

Le Groupe Rafaut pèse désormais 160 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 640 salariés, contre 40 millions d’euros et 140 salariés en 2017. Ambition affichée pour 2025 : 250 millions d’euros de chiffre d’affaires. 30 % du chiffre d’affaires sont réalisés sur le segment civil et 70 % sur la défense, dont 25 % à l’exportation directe. Le Groupe compte 9 sites de production en France.

 

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