Identifier les risques et menaces : une priorité pour les entreprises

Paru dans #MagCAPIDF, septembre 2025

Entretien avec Geoffroy Roux de Bézieux, président d’honneur du MEDEF

Dans un contexte mondial incertain, marqué par des menaces géopolitiques, la sécurité économique des entreprises françaises est cruciale. Dans son rapport remis au président de la République, l’ancien président du MEDEF souligne l’urgence de renforcer la protection des actifs stratégiques tout en préservant l’attractivité économique.

La sécurité économique est-elle aujourd’hui suffisamment prise en compte par nos entreprises et sont-elles toutes concernées ?

S’ils sont de plus en plus conscients des enjeux de sécurité économique, une majorité de chefs d’entreprise, en particulier de petites structures, ne s’engagent pas encore suffisamment dans le sujet ; soit parce qu’ils ne se sentent pas concernés et ne perçoivent pas la nécessité d’investir dans ce domaine en raison du coût que cela représente, soit parce qu’ils ne savent pas quelles mesures organisationnelles ou techniques mettre en œuvre. Il s’agit véritablement de « réveiller les naïfs » et de « conforter les paranos ».

Quels réflexes doivent-elles adopter en la matière ?

Bien connaître ses risques concerne tout le monde, grands groupes comme petites entreprises. Le premier réflexe est de connaître son niveau de risque, d’identifier si des technologies potentiellement sensibles sont ou non détenues. Les entreprises peuvent utiliser « Diagseco », outil d’autodiagnostic de sécurité économique mis à disposition des entreprises par la Direction Générale des Entreprises (DGE) pour identifier ce qu’elles ont à protéger et les solutions à leur disposition.

Dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu, comment concilier attractivité économique et impératif de protection ?

Pour permettre cette double exigence de protection et d’ouverture, il faut se concentrer sur deux objectifs : identifier les menaces qui pèsent sur nous pour construire des stratégies d’entreprise viables sur le long terme et jouer avec les mêmes armes que nos concurrents. La première menace est celle qui pèse sur les données sensibles de l’entreprise, et de ses sous-traitants et prestataires qui peuvent être le maillon faible d’un système pourtant très bien protégé. Sont également à prendre en compte les menaces sur les RH, le capital, le lawfare, la réputation, etc.

« Le premier réflexe est de connaître son niveau de risque, d’identifier si des technologies potentiellement sensibles sont ou non détenues.»

Face à la montée des menaces économiques, comment mieux structurer une réponse collective à l’échelle nationale, mêlant action publique et mobilisation des entreprises ?

Les synergies entre les pouvoirs publics et les entreprises doivent se renforcer pour résister aux pressions extérieures. Il faut améliorer les relations entre les trois acteurs de l’écosystème : les entreprises, les services de l’État et les conseils en intelligence économique (IE). Le Service de l’information stratégique et de la sécurité économique (SISSE), rattaché à Bercy, est un guichet unique pour les entreprises en matière de sécurité économique. Il peut accompagner les entreprises victimes d’ingérences économiques étrangères et déclencher des mesures spéciales, notamment en lien avec la communauté du renseignement.

 

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