
Élu en décembre dernier, quels sont vos principaux chantiers et quelles ambitions portez-vous pour le MEDEF Île-de-France ?
Tout d’abord, je tiens à saluer l’action de Daniel Weizmann qui a contribué à renforcer l’influence de notre organisation et continuera à œuvrer à mes côtés en qualité de trésorier. Mon mandat s’inscrit dans cette continuité, en privilégiant trois axes d’intervention.
En premier lieu, l’emploi et la formation, la mère de toutes les batailles pour les entreprises qui ont besoin de nouveaux talents. Elles doivent pouvoir les attirer, les recruter et les fidéliser. Autre sujet majeur : l’attractivité et la compétitivité de notre région.
Ces derniers mois, quelques signaux de faiblesse sont apparus, comme la hausse du taux de chômage. En effet si traditionnellement en Île-de-France il était inférieur de 1 % à la moyenne nationale, l’écart s’est réduit à 0,3 %. Un point de vigilance à surveiller, dont il nous faut analyser les raisons, pour y apporter des réponses.
Enfin, le dialogue entre pouvoirs publics et acteurs économiques sera la pierre angulaire de notre action, grâce à notre capacité à relayer les attentes de nos adhérents. Il est essentiel que les différentes parties prenantes se parlent et se comprennent, pour construire des solutions pérennes sur les enjeux qui préoccupent les entreprises.
Comment entendez-vous travailler avec les MEDEF territoriaux et les fédérations professionnelles afin d’accompagner au mieux les entreprises franciliennes ?
Là aussi, le dialogue sera le maître-mot. En étant au contact des entreprises adhérentes, les MEDEF territoriaux nous permettent de mieux comprendre leurs préoccupations et de définir celles sur lesquelles il convient de travailler en priorité. Les branches professionnelles offrent une vue plus globale de l’évolution des corps de métiers. Un dialogue et des interactions régulières joueront un rôle d’aiguillon essentiel pour avoir l’action la plus pertinente.
Dans le contexte économique et politique incertain que nous connaissons, quelles doivent être les priorités pour restaurer la confiance des entrepreneurs et des investisseurs ?
Nous sommes dans un contexte paradoxal qui soulève beaucoup d’interrogations. Un pouvoir national affaibli souligne toute l’importance de la compétence de la Région en matière économique. C’est avec elle que nous devons travailler à définir les conditions les plus propices au développement économique des territoires et de leurs entreprises.
Nous continuerons à œuvrer avec les instances régionales sur tous les champs qui influencent la vie des entreprises : formation, recherche, transport, logement, social. Au niveau national, le MEDEF a clairement défini ses priorités : simplification administrative, maîtrise des dépenses publiques, et orientation des choix budgétaires vers les leviers stratégiques.
« Mon mandat s’inscrit dans la continuité, avec trois priorités : l’emploi et la formation, l’attractivité et la compétitivité de notre région, et le dialogue entre pouvoirs publics et acteurs économiques. »
La France a-t-elle toujours les moyens d’agir et de rester dans la course ?
Je suis intimement convaincu que notre pays dispose de ressources extraordinaires, avec des secteurs économiques performants. Mais il faut faire en sorte qu’ils puissent s’épanouir davantage, grâce notamment à une simplification de l’environnement réglementaire.
En la matière, il ne faut pas prendre prétexte de la surrèglementation européenne, pour justifier l’inaction au niveau national. Il existe des marges de manœuvre, pour prendre soin des secteurs en bonne santé, et aider ceux en difficulté à rebondir.
La volonté de nombreux États européens, dont la France, de se réarmer pour faire face au nouveau contexte international, peut être un facteur de rebond. En effet, il n’y aura pas d’industrie de l’armement sans une industrie forte. Mais cela suppose une dynamique pour retrouver des capacités d’action, en faveur d’un tissu industriel plus dense, plus diversifié, plus résilient et plus innovant. Pour réussir, nous devons investir plus largement dans une industrie du futur décarbonée.
Face à la montée du protectionnisme américain, aux pressions économiques chinoises et aux tensions géopolitiques avec la Russie, comment la France et l’Europe peuvent-elles renforcer leur souveraineté économique et protéger leurs entreprises ?
Ces dernières années, nous nous étions projetés dans un monde économique globalisé, sans frontières, régi par une Organisation mondiale du commerce offrant de la visibilité. Trois événements ont fait voler en éclats ces certitudes.
La crise sanitaire du Covid nous a fait prendre conscience que ce qui vient de loin est plus compliqué à maîtriser. La guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie ont révélé nos fragilités en matière d’approvisionnement. L’arrivée d’un président américain, enclin à des déclarations déstabilisantes sur les droits de douane, rend la situation plus délicate encore. Cela ne signifie pas pour autant que l’Europe doit se replier sur elle-même, car beaucoup de ressources naturelles stratégiques ne sont pas présentes dans nos sous-sols, ou seulement en faibles quantités. Mais elle doit être moins naïve.
L’Europe et la France disposent des capacités pour renforcer leur souveraineté, à condition de prendre des précautions nécessaires. Nous devons pour cela mieux identifier nos partenaires et les facteurs de risque associés, en dressant une nouvelle cartographie du monde afin d’anticiper les crises potentielles, et de définir les alternatives viables.
À l’échelle d’une entreprise, faire appel à des sous-traitants extérieurs à l’Union européenne implique de s’interroger sur les conséquences d’une éventuelle rupture. Quels sous-traitants peuvent prendre la relève ? C’est par une analyse raisonnée du risque, que nous pourrons être plus sereins face aux crises.