Entretien avec Philippe Yvin, président du directoire de la société du Grand Paris

LE GRAND PARIS EST ANNONCÉ COMME LE CHANTIER DU SIÈCLE, QU’EST-CE QUI EST LE PLUS ENTHOUSIASMANT DANS UN TEL PROJET ?

Le projet est enthousiasmant à plus d’un titre. Par son ampleur, tout d’abord. Dans les 15 prochaines années, nous allons construire 68 gares et doubler le réseau de métro en Île-de-France.

Au-delà des bénéfices en termes de transport, le projet est le signe que la France renoue avec la politique des grands chantiers de long terme avec toutes les transformations positives qu’ils impliquent en matière d’économie, de société et d’environnement.

Plus enthousiasmant encore, le caractère tout à fait inédit de la manière de conduire un tel projet. Après les travaux d’Haussmann et la création des villes nouvelles dans les années 60, la capitale est en train de vivre sa troisième révolution urbaine, une révolution qui doit profiter à tous.

Au temps de l’État jacobin succède celui de l’alliance de l’État, des entreprises et des collectivités. Rien qu’en 2017, nous injectons 3,5 milliards d’euros dans le carnet de commandes des entreprises.

QUELS SERONT SES PRINCIPAUX APPORTS EN TERMES D’ATTRACTIVITÉ POUR NOTRE RÉGION ?

Le Grand Paris Express transforme la métropole et doit permettre à Paris de se maintenir dans le haut du classement des métropoles mondiales.

Les quartiers de gare disposent de capacités foncières importantes et attirent déjà les investisseurs. Des quartiers d’affaires, des milliers de logements, des espaces de loisirs et des équipements publics vont sortir de terre.

Par exemple, Saint-Denis Pleyel n’accueillera pas seulement la plus grande gare du réseau, mais aussi 540000 mètres carrés de nouveaux immeubles et un cluster d’entreprises spécialistes de l’audiovisuel et de l’image.

400 groupements de promoteurs et d’investisseurs se sont présentés dans le cadre du concours « Inventons la métropole du Grand Paris », que nous avons initié avec la Métropole et l’État pour aménager 55 sites répartis dans le Grand Paris, dont une vingtaine se trouve à proximité des futures gares.

Il appartient désormais aux investisseurs de saisir cette chance qui leur est offerte de prendre part à cette formidable épopée urbaine qui va consacrer Paris comme une ville-monde de référence.

“ IL APPARTIENT DÉSORMAIS AUX INVESTISSEURS DE SAISIR CETTE CHANCE QUI LEUR EST OFFERTE DE PRENDRE PART À CETTE FORMIDABLE ÉPOPÉE URBAINE QUI VA CONSACRER PARIS COMME UNE VILLE-MONDE DE RÉFÉRENCE ”

LE PROJET SE VEUT ÉGALEMENT EXEMPLAIRE SUR LE PLAN ENVIRONNEMENTAL. QUELS SONT LES PRINCIPAUX ENGAGEMENTS PRIS À CET EFFET ?

Avec le Grand Paris Express, nous nous inscrivons pleinement dans la dynamique de transition énergétique. Il faut intensifier la ville entre l’île de la Cité et l’A86, notamment en partant à la reconquête de la petite ceinture industrielle.

En 2030, 90 % des Franciliens vivront à moins de 2 km d’une gare. La voiture individuelle ne sera donc plus une fatalité. Des entrepreneurs travaillent déjà à des solutions concrètes de mobilités douces et durables entre le domicile, le lieu de travail et les gares, dans le cadre d’un appel à projets innovants que nous avons lancé en avril 2017 avec le STIF.

La dimension environnementale des aménagements du Grand Paris est tout aussi importante. Les constructions de haute qualité environnementales seront toujours privilégiées. En phase de travaux, l’ambition environnementale est également très forte.

Nous nous engageons à valoriser 70 % des 45 millions de tonnes de déblais de chantiers, selon une approche en économie circulaire, qui fait appel à l’expertise et à l’innovation des entreprises.

“ RIEN QU’EN 2017, NOUS INJECTONS 3,5 MILLIARDS D’EUROS DANS LE CARNET DE COMMANDES DES ENTREPRISES ”

DURANT LES TRAVAUX, COMMENT ACCOMPAGNEZ VOUS LES ENTREPRISES QUI POURRAIENT ÊTRE PÉNALISÉES DANS LEUR ACTIVITÉ ?

Le Grand Paris Express est avant tout une opportunité pour les entreprises, qu’il s’agisse des géants du BTP, des PME/TPE ou des start-up qui sont pleinement associés à la conception du nouveau métro.

Plus de 100 entreprises et 4 000 personnes sont déjà engagées dans le projet ! Nous sommes, bien sûr, conscients des nuisances que peuvent engendrer les chantiers pour certaines entreprises, et plus spécifiquement les commerces de proximité. Dès le mois d’avril 2016, nous avons lancé un appel à projets innovants sur ce thème.

Quatre projets pilotés par des start-up et financés par la Société du Grand Paris sont en cours de déploiement. Par exemple, à Villejuif, un hologramme informe les riverains sur l’avancement du chantier et l’accès aux services et commerces de proximité. Dans les situations où aucune réponse adaptée ne peut être apportée, des mesures de compensation et d’indemnisation sont prévues.

VOUS AVEZ INSTALLÉ EN FÉVRIER DERNIER UN OBSERVATOIRE DES PME POUR FACILITER LEUR ACCÈS AUX MARCHÉS DU GRAND PARIS. QUEL BILAN PEUT-ON TIRER AUJOURD’HUI DE CETTE OUVERTURE DES CHANTIERS ?

Sur la ligne 15 Sud, nous voyons que l’obligation de faire réaliser 20 % des travaux par des PME est largement satisfaisante et bénéficie aux PME franciliennes.

Pour soutenir cet engagement, j’ai mis en place au début de l’année un Observatoire des PME avec, notamment, le MEDEF Île-deFrance et la CCI Paris Île-deFrance. C’est une plate-forme d’échanges qui permet aux PME et TPE de dialoguer avec les grandes entreprises sur les opportunités offertes par le projet. C’est aussi un outil de contrôle du respect de nos engagements.

LE CALENDRIER INITIAL DES MISES EN SERVICE DES NOUVELLES LIGNES SERAT-IL TENU, NOTAMMENT DANS LA PERSPECTIVE DES JEUX OLYMPIQUES ET DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE ?

Le défi du Grand Paris Express est considérable et nous avançons aussi vite que possible. Je veux d’ailleurs saluer le travail remarquable réalisé, jour après jour, par les 4000 personnes qui travaillent déjà à la réalisation du nouveau métro.

Nous tenons un rythme de travail extrêmement soutenu. Les chantiers se déploient et le premier tunnelier commencera à creuser à la fin de l’année à Champigny. Notre mobilisation est totale et tout est mis en œuvre pour que les lignes soient mises en service dans les délais.

Quatre d’entre elles (lignes 15 Sud, 16, 17 Nord et 18 d’Orly à CEA Saint-Aubin) le seront d’ici à 2024.

Article paru dans CAP IDF N°61