« Le CDI-I est bien plus moderne et inspirant que l’uberisation du travail ! » – entretien avec Isabelle Eynaud-Chevalier

Article paru dans #MagCAPIDF, août 2020

Entretien avec Isabelle Eynaud-Chevalier, Déléguée Générale de Prism’emploi

Quel est l’impact de la crise sanitaire sur le travail temporaire ?

Dès l’annonce du confinement, notre secteur a été confronté à une chute massive et immédiate avec une baisse d’activité de 70%, d’une ampleur sans précédent. Depuis, la reprise est très lente et progressive.

Notre branche, qui incarne la flexibilité responsable, s’est donc immédiatement emparée du dispositif d’activité partielle, en l’accompagnant de mesures spécifiques sur la formation et la sécurité sanitaire. Cette stratégie a permis de limiter les impacts de la crise pour tous nos salariés, permanents et intérimaires.

Dans cette période d’incertitudes, l’intérim n’est-il pas au contraire un moyen pour les entreprises de mieux s’adapter aux aléas de la conjoncture et de favoriser l’accès des jeunes diplômés au monde du travail ?

En effet et avec notre réseau de 10 000 agences réparties sur tout le territoire, nous disposons d’une capacité d’anticipation et d’accompagnement sans équivalent. Cela explique que 83% des étudiants et 79% des demandeurs d’emploi interrogés déclarent être prêts à s’adresser à une agence d’emploi pour trouver un emploi (enquête OIR 2019).

Cette forte attente sociale conjuguée à une crise inédite nous incite à développer une approche stratégique des métiers et des compétences, afin de pouvoir encore mieux répondre aux besoins de nos clients, quels que soient leur secteur et leur territoire. La branche a ainsi assoupli les paramètres de la préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC), afin de faciliter la réinsertion des salariés intérimaires qui ont perdu leur emploi durant la crise.

Depuis son lancement le CDI Intérimaire a été un succès. Comment l’expliquez-vous ?

En avril 2020, le secteur a franchi le cap des 90 000 signatures de CDI-I, conformément à l’engagement de notre accord de branche de janvier 2019. Cinq ans après sa création, près de 80% des intérimaires interrogés par l’OIR (étude de janvier 2020) se déclarent satisfaits du CDI-I, 71% envisagent d’y rester et trois quarts d’entre eux le conseilleraient à un proche.

Ce dispositif innovant, salué par l’ensemble des acteurs privés et publics, combine accès à l’emploi durable et sécurisation des parcours, ce qui le rend très attractif pour tous, salariés déjà intérimaires ou nouveaux entrants.

Craignez-vous un ralentissement de ce type de contrat avec la crise ?

Un enseignement majeur de cette crise est qu’aujourd’hui et demain, plus encore qu’hier, les salariés doivent bénéficier de protections sociales développées, notamment contre le chômage et les risques sanitaires. A cette aune, le CDI-I est bien plus moderne et inspirant que l’uberisation du travail ! Les salariés concernés se voient proposer des missions de manière prioritaire et peuvent développer leur employabilité grâce à la formation. Autant d’atouts dont nous espérons qu’ils protègeront cette formule innovante malgré un contexte dégradé.

 

Voir l’article « Le CDI intérimaire, un dispositif d’accès à l’emploi durable »

 

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