Ludivine Azria, Responsable des Affaires territoriales et des fédérations professionnelles, France Assureurs

« L’école des femmes »

Aujourd’hui, les femmes parviennent à rejoindre plus facilement des secteurs historiquement considérés comme masculins. Ce changement de paradigme s’est accentué au cours de ces vingt dernières années, où plusieurs lois sont venues favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes. D’abord dans le domaine politique avec de premiers textes sur la parité dès les années 2000. Puis dans le secteur privé, avec les lois Copé-Zimmerman, et plus récemment Rixain, sur l’accès aux postes dirigeants.

J’ai moi-même ressenti ces évolutions. Lorsque j’ai commencé ma carrière professionnelle dans les années 2010, après une formation « genrée » à dominante littéraire, j’ai intégré le secteur de l’assurance en devenant lobbyiste. L’assurance et la politique : deux domaines qui, à l’époque, étaient majoritairement masculins.

Dix ans plus tard, je dirige le département « Affaires territoriales et fédérations professionnelles » chez France Assureurs. Je suis fière d’occuper un poste à responsabilités, et nous sommes d’ailleurs de plus en plus nombreuses dans ce cas. Dans notre secteur, la moitié des postes de managers sont occupés par des femmes. Le plafond de verre semble peu à peu se briser, en témoigne l’élection en 2019 de Florence Lustman qui préside désormais notre Fédération.

Nos entreprises et nos institutions se sont féminisées, c’est indéniable. Pour autant : sommes-nous réellement sorties des stéréotypes de genre qui commencent dès le plus jeune âge et du concept de la « femme alibi » décrit par Simone Veil ?

Pour parvenir à une véritable égalité et libérer le potentiel des femmes, revenons aux fondamentaux : l’éducation.

  • « Tu seras ingénieure ma fille ! »

Si des inégalités persistent, c’est d’abord à l’école. Les jeunes filles avaient déjà tendance à moins choisir les filières scientifiques que les garçons, et cela s’est accentué depuis la réforme du bac : elles désertent peu à peu les spécialités mathématiques et physique-chimie.

Trop souvent encore, on leur fait comprendre – ou alors l’ont-elles intégré – qu’elles ne disposent pas des qualités nécessaires pour exceller dans ces disciplines. Non, les jeunes filles ne doivent pas nécessairement s’orienter vers les filières littéraires car elles sont prétendument « plus douces, plus sensibles, plus émotives ».

Comment ces stéréotypes peuvent-ils encore perdurer en 2022 alors que des femmes prennent les armes en Ukraine pour défendre leur pays ?

Renversons les représentations ! Montrons dès le plus jeune âge aux filles qu’elles sont tout autant légitimes à choisir les filières scientifiques et techniques, à s’orienter vers les métiers d’ingénieur ou trader. Les assurances et les banques ont récemment lancé un appel en ce sens. Encourageons ces initiatives !

  • « Votre indépendance économique est la clé de votre libération »

    [Gisèle Halimi]

La question de la culture économique et financière concerne tous les citoyens, hommes et femmes, sans distinction. Toutefois, les femmes sont malheureusement souvent plus vulnérables financièrement lors d’un divorce, d’un veuvage ou d’une maternité par exemple.

Pour y remédier, il faut renforcer l’éducation des femmes pour favoriser leur indépendance et accentuer l’éducation financière pour leur donner les clés et les moyens d’accéder plus facilement à la création d’entreprises et à la gestion de leur patrimoine.

En résumé, ne confrontons pas les femmes et les hommes mais donnons à chacune et chacun les mêmes chances de réussite, en commençant par un socle commun et solide d’éducation.

 

Biographie

Ludivine Azria – Responsable des Affaires territoriales et des fédérations professionnelles – France Assureurs

Née à Paris en 1983, Ludivine Azria est diplômée d’un Master de droit public et de science politique à l’université Panthéon-Assas.

Son goût très prononcé pour la vie publique et institutionnelle l’a naturellement conduite vers une carrière dans le domaine du lobbying, alliant à la fois la politique et la défense des intérêts d’un secteur économique. Elle démarre sa carrière professionnelle au sein d’un cabinet spécialisé en affaires publiques, avant de rejoindre le département des affaires parlementaires de France Assureurs.

Après plusieurs années passées à représenter les intérêts de la profession de l’assurance à l’Assemblée nationale et au Sénat, France Assureurs lui donne l’opportunité de mettre à profit ses connaissances en matière de lobbying en lui confiant la responsabilité des affaires territoriales et des relations avec les fédérations professionnelles.