Réunies à Copenhague à la veille de la présidence danoise de l’UE, les principales organisations patronales européennes ont livré un message d’unité et d’action déterminée pour renforcer l’économie européenne
« Relancer le moteur économique de l’Europe est la condition indispensable pour assumer les investissements massifs que l’Union devra engager pour réussir ses transitions sécuritaires, verte et numérique, tout en préservant son modèle social. Nous comptons sur la présidence danoise pour favoriser le large partenariat nécessaire pour relever les défis historiques auxquels l’UE est confrontée », a rappelé Fredrik Persson, président de BusinessEurope.
Cibler les priorités
Les milieux d’affaires européens estiment que l’Europe doit concentrer ses efforts sur quelques points clés au cours des prochains mois. Ils appellent à l’unité et à l’action, afin de renforcer la compétitivité des entreprises européennes et le potentiel de croissance de l’Union, en ces temps troublés par diverses tensions géopolitiques et commerciales. Cela suppose une action résolue sur plusieurs fronts : négociations commerciales, bon fonctionnement du marché intérieur, réduction des coûts de l’énergie et décarbonation sans désindustrialisation, simplification administrative et réglementaire, soutien à la R&D, lutte contre les pénuries de main-d’œuvre et anticipation des risques disruptifs accrus. Les organisations patronales plaident aussi pour que le futur budget pluriannuel de l’UE (MFF 2028-2034) soutienne efficacement la compétitivité, l’innovation, la transition digitale et énergétique, ainsi que les besoins en sécurité et défense. Ceci, sans que la création de nouvelles ressources budgétaires pour l’UE n’alourdisse la pression fiscale déjà très élevée sur les entreprises.
Le MEDEF très actif sur la scène européenne
À l’image de Patrick Martin, son président, le MEDEF multiplie les rencontres bilatérales et les séances de travail pour rappeler ses priorités auprès des institutions européennes. Lors d’un échange avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, Patrick Martin a défendu 4 priorités :
• Simplification : selon lui, le texte n’est pas à la hauteur. Il faut purement et simplement supprimer la directive CS3D sur le devoir de vigilance, adoptée sans réelle étude d’impact, qui est un « monument de complexité » pour toutes les entreprises, à commencer par les TPE/PME.
• Libre-échange : il rappelle que la surenchère tarifaire ne profite à personne. Les accords de libre-échange, dont nos entreprises sont bénéficiaires, doivent être défendus sans ambiguïté, comme le Mercosur auquel il a réaffirmé son soutien.
• Concurrence : Patrick Martin insiste sur la nécessité de parvenir à un accord équilibré, sans céder sur l’essentiel. L’Europe et la France doivent prendre conscience de la dépendance des États-Unis à notre marché, ainsi que des moyens de riposte à notre disposition. Il alerte également sur la menace de la surproduction industrielle chinoise et l’iniquité concurrentielle des sites d’e-commerce chinois. « Cessons d’être naïfs et agissons à la hauteur de notre puissance ! »
• Énergie : l’un des principaux freins à notre compétitivité reste le coût de notre énergie. « Notre boussole, affirme-t-il, doit être la neutralité technologique où le nucléaire à toute sa place. »
Pour le président du MEDEF, « l’UE est capable de réunir ces conditions pour être le tremplin pour la réussite de ses entreprises. C’est là que résidera sa force ! Mais elle doit impérativement accélérer son rythme de décisions et de mise en œuvre. Car le monde ne nous attend pas ! »
DÉCLARATION DE COPENHAGUE : pour une ambition forte de l’UE en matière économique
La déclaration de Copenhague, signée par 36 patronats représentant 25 millions d’entreprises, exprime l’urgence du moment et le besoin d’une ambition plus forte de l’UE en matière économique. Elle appelle à des mesures concrètes :
• Accélérer la signature et la ratification de nouveaux accords commerciaux (Mercosur, Mexique, Inde…) et renforcer les liens commerciaux avec nos voisins (Royaume-Uni, Turquie…) ;
• Dynamiser le marché intérieur des services et favoriser l’union de l’investissement et de l’épargne : 60 % des barrières identifiées il y a 20 ans persistent encore ;
• Faire baisser les coûts de l’énergie, en misant sur la neutralité technologique et en permettant des aides d’État ciblées ;
• Alléger les contraintes réglementaires : réduction de la CSRD, maintien d’une option de retrait de la CS3D (obtenue par le MEDEF), et révision du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) pour répondre aux problèmes de compétitivité des entreprises européennes.
La déclaration complète : 5e REF FRANCOPHONE
Pendant deux jours, du 26 au 28 juin 2025, 2 800 participants issus d’une trentaine de pays francophones se sont réunis à Brazzaville, carrefour stratégique au cœur de l’Afrique centrale, pour cette nouvelle édition de la REF Francophone, organisée par l’Alliance des Patronats Francophones (APF) et l’Union Patronale et Interprofessionnelle du Congo (Unicongo). Objectif : faire de la francophonie un moteur de croissance, d’innovation et de partenariats économiques, pour bâtir ensemble une croissance partagée. L’occasion pour Patrick Martin, président du MEDEF, de rappeler l’importance de la langue commune comme levier de synergies, de cohésion et d’opportunités dans un monde fracturé. Présente à Brazzaville, la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, a salué le rôle structurant de l’Alliance et le potentiel économique d’une Francophonie « unie par la langue, mais diverse dans ses réalités économiques », réaffirmant l’engagement de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en faveur d’un espace économique francophone dynamique, inclusif et solidaire.
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