Entretien avec Philippe Yvin, président du Directoire de la Société du Grand Paris

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2016 MARQUE UNE ACCÉLÉRATION DU GRAND PARIS EXPRESS. LES NOUVELLES LIGNES SERONT-ELLES LIVRÉES DANS LES DÉLAIS PRÉVUS ?

2016 marque le passage du Grand Paris Express des études aux travaux de génie civil. Avec le début des travaux, c’est le chantier du siècle de la région Capitale qui démarre. Dès ce printemps, nous lançons les travaux de la gare Fort d’Issy-Vanves-Clamart. En septembre, un nouveau chantier s’ouvrira à Noisy-Champs pour la construction de l’arrière gare qui sera suivi des travaux du tunnel foré de Noisy-Champs à Bry-Villiers-Champigny. Tous les travaux de génie civil s’enchaîneront ensuite sans interruption jusqu’aux mises en service. Nous tenons le calendrier prévu par nos études d’avant-projet.

CE CHANTIER VA GÉNÉRER BEAUCOUP D’ACTIVITÉS PENDANT LES QUINZE PROCHAINES ANNÉES. QUEL EST L’IMPACT ÉCONOMIQUE ATTENDU ET COMMENT LES ENTREPRISES FRANCILIENNES Y SONT ASSOCIÉES ?

Le Grand Paris Express générera 15 000 emplois par an pendant la durée du chantier. Déjà plus de 800 millions d’euros sont engagés pour les 27 marchés de maîtrise d’œuvre mobilisant des pans entiers de l’ingénierie française et de nombreuses agences d’architectures. Au-delà de ses 200 collaborateurs, la SGP coordonne plus de 1 500 professionnels. Fin 2016, près de 3 milliards d’euros de marché de génie civil auront été attribués. Le chantier du Grand Paris Express sera un moteur de croissance pour les PME. Pour ce faire, nous intégrons des clauses contractuelles aux marchés de travaux imposant d’intégrer les PME en sous-traitance ou cotraitance. Pour la ligne 15 Sud par exemple, cet engagement s’élève à 20 %.

QUELLES MESURES AVEZ-VOUS PRIS POUR MINIMISER LES NUISANCES DE CES TRAVAUX GIGANTESQUES ET NE PAS GÊNER L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE DES ZONES CONCERNÉES ?

Nous voulons bâtir un modèle innovant de la “ville en chantier du XXIe siècle”, une gestion exemplaire des chantiers et une prise en compte globale de leurs effets pour les riverains et les acteurs économiques. L’innovation sera aussi présente dans la gestion des 43 millions de tonnes de déblais que le chantier générera en une dizaine d’années. Nous voulons en effet assurer leur traçabilité, développer des transports alternatifs à la route ainsi qu’une filière de valorisation qui réponde à l’objectif de 70 % fixé par la loi transition énergétique.

AU-DELÀ DU RÉSEAU DE TRANSPORT, CE SUPERMÉTRO EST L’OCCASION DE RÉAMÉNAGER LES TERRITOIRES. QUELS SONT LES OBJECTIFS POURSUIVIS EN LA MATIÈRE ?

L’impact territorial du Grand Paris Express est, sur un rayon de 800 m autour des gares, de 140 km2, soit une fois et demi la superficie de Paris. Cela signifie que le réseau de transport va déclencher de profondes mutations urbaines, des constructions de logements, dans les 68 nouveaux quartiers de gare qu’il va créer. Avec les élus locaux, nous sommes aussi mobilisés pour réaliser l’intermodalité du XXIe siècle combinant mobilités douces, électriques et numériques, et avec la RATP et la SNCF réussir les interconnexions permettant à tous les Franciliens de bénéficier de ce nouveau réseau.

 

Paru dans CAP’IDF N°58