« Le chemin de l’équité est encore long. Accélérons le rythme ! » par Héléna Kisler, FHP Île-de-France

déléguée générale de la Fédération de l'Hospitalisation Privée (FHP) Île-de-France

Le chemin de l’équité est encore long. Accélérons le rythme !

À n’en pas douter, ce 8 mars 2024 revêt une tonalité très particulière, avec l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution française, voté par un Parlement dont la féminisation progresse.  Cinquante ans après la loi Veil, la France est le premier pays au monde à constitutionnaliser ce droit fondamental. C’est une fierté, et dans un contexte international troublé, où la régression des droits des femmes affleure toujours, c’est un signe marquant et un message d’espoir délivré aux autres Nations.

Est-ce pour autant l’aboutissement dans la lutte pour les droits des femmes ? Assurément non, car les acquis sont toujours fragiles.

Dans le domaine de la santé des femmes et de la prise en compte des spécificités de celle-ci, il faut reconnaitre que des progrès notables ont été réalisés ces dernières années. Si des difficultés d’accès persistent encore dans les parcours de soins, on observe une prise de conscience de l’importance d’une approche genrée de la santé, et une meilleure réponse aux besoins grâce à des approches pluridisciplinaires.

L’incitation des femmes à prendre soin de leur propre santé est aussi un enjeu majeur car dans leurs agendas chargés, elles ont tendance à faire passer les besoins de leurs proches avant les leurs.

Les établissements de la Fédération de l’Hospitalisation Privée d’Île-de-France s’inscrivent pleinement dans cette dynamique en s’engageant sur des parcours de soins spécifiques pour les femmes, tels que la prise en charge du cancer du sein, de l’endométriose ou des maladies cardiovasculaires, dont le risque est sous-estimé chez les femmes. Pour ces pathologies, comme d’autres, les actions de prévention sont également primordiales et doivent être multipliées et encouragées au plus haut niveau.

Cette journée internationale des Droits des Femmes n’en sera que plus belle et plus forte si elle ne reste pas une mobilisation annuelle, mais irrigue vraiment le quotidien. En premier lieu, pour les professionnels de santé qui sont majoritairement des femmes, notamment au sein des métiers paramédicaux, mais aussi à l’aune de la féminisation de la médecine. Les professionnelles de santé sont particulièrement exposées aux violences sexistes et sexuelles, qu’il faut combattre sans relâche, et nos établissements sont très mobilisés sur ce point.  Autre combat de longue haleine, celui contre les stéréotypes de genre.

Le chemin de l’équité est encore long ! Mais il est essentiel de maintenir le cap.

Enfin, le monde de la santé doit être attentif aux progrès en matière d’équilibre paritaire au sein des instances de gouvernance des grandes organisations et entreprises du secteur. Et en écho à la position régulièrement défendue par la Fédération de l’Hospitalisation Privée sur l’équité de traitement entre établissements de santé, les femmes et les hommes assumant les mêmes missions dans leur vie professionnelle doivent être traités de manière égale. Cet objectif, bien qu’en progression, nécessite une attention constante, et une intransigeance face à toute injustice.

La nomination d’Amélie Verdier à la tête de l’Agence régionale d’Île-de-France, désormais Directrice générale de la Direction générale des Finances publiques (DGFiP), est à ce titre porteur d’espoir.

À l’instar de Simone de Beauvoir, je suis convaincue que la liberté concrète de la femme et son émancipation ne peuvent être garanties que par le travail. Je tiens d’ailleurs à rendre hommage à toutes celles (et tous ceux, aussi !) qui ont porté ces combats courageux et ouvert le chemin qui mène aujourd’hui à une véritable évolution des mentalités… et aussi à une libération de la parole sur le sujet des droits.

Le thème retenu pour l’année 2024 nous incite à « accélérer le rythme ». Cette injonction peut sembler paradoxale pour les femmes qui assument toujours plus de responsabilités pour concilier les différentes facettes de leur vie personnelle et professionnelle. Mais j’y vois plutôt une volonté de toujours progresser en matière de droits et d’égalité, tant il est vrai que et si on arrête, on régresse. Alors, continuons la mobilisation !

 

Biographie

Avocate de formation (C.R.F.P.A. en 2006), Héléna Kisler est aussi titulaire d’un Master à l’ESSEC en 2008.

De 2008 à 2018, elle occupe le poste de directrice d’établissements de santé privés, exerçant ses fonctions dans les départements des Hauts-de-Seine et de Paris. De 2011 à 2017, elle est membre de la Certification des établissements de santé auprès de la Haute Autorité de Santé (HAS).

Depuis 2018, elle assume le rôle de déléguée générale de la Fédération de l’Hospitalisation privée (FHP) d’Île-de-France. Cette fédération regroupe 215 établissements de santé privés, comptant plus de 25 000 salariés et plus de 7000 médecins. En tant que déléguée générale, elle coordonne et représente ces établissements au sein de la région.