Géorgie : une situation unique entre Orient et Occident

Géorgie, pays réformateur et business friendly

Le pays qui a mené des réformes structurelles pour proposer un cadre sécurisé aux affaires, possède de nombreux atouts en termes de main d’œuvre, de fiscalité et d’accords de libre échange qui devraient séduire nos entreprises. Pourtant, la France n’est que son 12e fournisseur, loin derrière la Turquie, la Russie, la Chine ou les États-Unis.

Situé aux confins de l’Europe et de l’Asie, dans le Caucase, la Géorgie est encore largement méconnue. Son économie est fortement imprégnée de traditions agricoles qui occupent encore 41,3 % de la population active et 40 % du territoire. Céréales, fruits et légumes, riz, thé ou bétail, côtoient des vignes considérées comme les plus anciennes au monde. Mais derrière cette image d’Epinal, le pays a su développer ces dernières années un tout autre visage. L’industrie (transformation des aliments, matériels de transport, textile, mines) représente désormais 20 % du PIB, et les services se sont révélés comme le secteur le plus dynamique. Le tourisme (9,4 millions de visiteurs en 2019), l’hôtellerie, la restauration, les transports ou les communications, produisent 60,4 % du PIB et occupent 40,5 % de la population active. Une population de mieux en mieux formée, offrant un large réservoir de travailleurs qualifiés avec un salaire moyen de 380 € pour un technicien et de 391 € dans le secteur des services.

Des réformes structurelles qui renforcent la confiance des investisseurs

La Géorgie est souvent citée comme un pays réformateur, bénéficiant d’un excellent climat des affaires et d’une bonne coordination des politiques monétaires et budgétaires. Des mesures pour l’alignement du code du travail géorgien sur les normes de l’OIT ont été engagées. Depuis le vote du parlement fin 2020, la loi encadre mieux l’inspection du travail, la non-discrimination et l’égalité des sexes, le temps de repos quotidien et hebdomadaire obligatoire ainsi que la protection des stagiaires et des travailleurs à temps partiel. La Géorgie mise également sur le développement de ses infrastructures de façon à diversifier l’économie locale et attirer les capitaux. La construction d’une autoroute Est-Ouest et du segment Nord-Sud sont en cours, alors que l’amélioration des infrastructures portuaires devrait renforcer les capacités commerciales du pays. Ces projets d’infrastructures s’inscrivent dans une volonté d’accélérer l’intégration du pays et sa connectivité. La Géorgie a par ailleurs entamé la réforme de son système judiciaire.

Des accords commerciaux avec l’Union européenne, la Chine ou le Royaume-Uni donnent accès à un marché de 2,3 milliards de consommateurs potentiels sans droits de douanes.

Des accords de libre échange

Avec 3,7 millions d’habitants, les autorités géorgiennes tentent de contrer l’étroitesse du marché, grâce à l’ouverture sur la mer Noire et ses interconnexions avec les routes de la Soie. Des accords commerciaux avec l’Union européenne, la Chine ou le Royaume-Uni donnent accès à un marché de 2,3 milliards de consommateurs potentiels sans droits de douanes. Le pays peut ainsi devenir un « hub » privilégié pour gérer le Caucase et l’Asie centrale. D’autant que la fiscalité est particulièrement avantageuse avec un taux global d’imposition de 9,9 % et un impôt sur les sociétés de 15 %. Les charges patronales ne représentent que 2 % du salaire et les bénéfices distribués sont non imposables. Si les secteurs porteurs sont le tourisme, l’agriculture, les transports et la logistique, le besoin de modernisation crée du potentiel pour les entreprises françaises dans de nombreux autres domaines, en particulier l’ingénierie (tunnels, barrages, remontées mécaniques), l’éducation (écoles hôtelières, formation professionnelle) et la santé (exportation de matériel médical).

Les données clés

PIB 14,1 Mds €

Croissance 10,6 % en 2021, après une baisse de 5,8 % en 2020 (crise Covid)

Exportations 2,9 Mds €

Importations 7,1 Mds €

Exportations françaises : 147 M € (2 % des importations de la Géorgie) : produits pharmaceutiques (40,5 %), produits chimiques divers (12,4 %), boissons (7,4 %), parfums, cosmétiques et produits d’entretien (6,6 %)

Importations françaises : 48 M € (1,7 % des exportations de la Géorgie)

 

Entretien avec Son Excellence Tea Katukia, ambassadeur de Géorgie en France 

Comment se porte l’économie géorgienne et quels sont ses atouts ?

Dans le sillage de la pandémie de Covid19, l’économie mondiale fait face à de nouveaux défis. La Géorgie ne fait pas exception à la règle. Cependant, il convient de noter que le gouvernement géorgien a pris d’importantes mesures visant à consolider notre économie et permettant à la croissance de redémarrer rapidement. En 2021, la croissance de notre PIB a été de 10,6 %, et les échanges économiques avec un grand nombre de pays partenaires ont, pour beaucoup d’entre eux, rattrapés ou dépassés les niveaux connus avant la pandémie. Nos exportations sont également en hausse, notamment en direction de l’UE. Par ailleurs, les vols directs ont repris, ce qui a contribué à dynamiser le secteur du tourisme. Tout cela a été rendu possible grâce à l’environnement économique et règlementaire géorgien, qui fait de notre pays un endroit attrayant pour faire des affaires et des investissements.

Quelles sont les réformes et réglementations qui facilitent les affaires ?

Après la restauration de l’indépendance de notre pays en 1991, l’un des principaux défis du gouvernement géorgien fut de transformer notre économie centralisée et dirigée – issue de l’époque soviétique – par une véritable économie de marché. Ce processus nécessita de profondes réformes législatives et institutionnelles afin de garantir une concurrence ouverte et loyale, une protection renforcée des droits des entreprises et un système judiciaire moderne et indépendant. Ses réformes ont créé un environnement économique ouvert, stable, sûr et exempt de corruption.

La politique libérale du gouvernement géorgien en faveur des entreprises et des investisseurs s’est notamment matérialisée à travers le classement « Doing Business » établi chaque année par la Banque mondiale pour mesurer l’environnement des affaires. Celui-ci place en effet la Géorgie au 7e rang mondial, entre les États-Unis (6e) et le Royaume-Uni (8e), loin devant la France (32e). Dans son environnement géoéconomique régional, la Géorgie fait ainsi figure d’exception.

Les secteurs en forte croissance sont le tourisme (hôtellerie, restauration, etc.), l’agroalimentaire, les transports et les télécommunications.

Quels sont actuellement les domaines d’activités les plus porteurs en Géorgie pour les entreprises françaises ?

Les services constituent le secteur le plus dynamique de l’économie géorgienne. Ils représentent 60,4 % du PIB et emploient 44,5 % de la population active. Les secteurs en forte croissance sont le tourisme (hôtellerie, restauration, etc.), l’agroalimentaire, les transports et les télécommunications.

Plus spécifiquement, 6 secteurs économiques ont été identifiées par le gouvernement géorgien comme prioritaires en termes de développement (et bénéficient d’un soutien financier destiné aux investisseurs étrangers) : externalisation des services aux entreprises (BPO et IT) ; pièces d’appareils électroniques (EMS) ; réparation d’aéronefs (MRO) ; pièces automobiles et aéronautiques ; produits pharmaceutiques et recherche médicale ; et enfin, secteur hôtelier et immobilier.

Quels conseils donneriez-vous à un entreprise française désireuse d’exporter vers la Géorgie ?

C’est un exercice difficile car les besoins de chaque entreprise sont différents en fonction de sa taille, du type de produits ou services développés et du marché visé. La première des recommandations serait sans doute que les hommes d’affaires français puissent se rendre en Géorgie afin qu’ils se familiarisent avec l’environnement des affaires que le gouvernement géorgien offre aux entreprises étrangères. L’ambassade de Géorgie en France reste pour sa part à la disposition des entreprises françaises pour soutenir tous les processus qui contribueront à l’approfondissement et au développement ultérieur des relations commerciales et économiques entre la Géorgie et la France.

 

Paru dans #MagCAPIDF