La Côte d’Ivoire poursuit sa mue

Paru dans #MagCAPIDF, avril 2023

Engagée dans de profondes transformations structurelles, elle s’est imposée ces dernières années comme l’une des économies les plus performantes du continent africain et se tourne aujourd’hui vers les investisseurs industriels pour poursuivre son développement.

Avec un taux de croissance projeté à environ 7 % par an sur la période 2023-2025, les perspectives économiques de la Côte-d’Ivoire sont bonnes, avec un secteur privé de plus en plus actif qui entend bien devenir le premier moteur de la croissance.

Vers une industrie de transformation

Si les services (télécommunications, transports, commerce et activités financières) représentent environ 55 % du PIB, le gouvernement ivoirien entend bien changer la donne. Il souhaite favoriser l’émergence d’une industrie de la transformation tant dans le secteur agricole qui représente à lui seul 22 % du PIB, que dans le domaine de l’exploitation des matières premières (pétrole, gaz), que la découverte de nouveaux gisements par le groupe ENI, vient conforter. Mise en service en juillet 2022, l’unité de transformation de noix de cajou de Toumodi est l’un des symboles forts de cette évolution. Représentant un investissement total de 22,8 M €, cette usine aux standards internationaux, a une capacité de transformation de 60 mille tonnes/an.

Employant plus de 1 000 personnes et dotée d’entrepôts pouvant stocker près de 30 mille tonnes, elle accompagne l’ambition du pays de transformer localement, d’ici à 2030, plus de 50 % des principales productions agricoles. « La réalisation de ce site industriel s’inscrit dans la droite ligne des efforts de structuration et de promotion de la filière », souligne Adama Koné, opérateur économique. Pour le chef du gouvernement, Patrick Achi, cette industrialisation devra se faire également dans de nombreux autres secteurs stratégiques au potentiel énorme, de la mécanisation à l’énergie, en passant par les mines, la pharmacie, le BTP ou le tourisme. À cet effet, il a récemment lancé un appel aux investisseurs industriels privés étrangers. « Venez en Côte-d’Ivoire. Oui, venez profiter ici d’innombrables opportunités d’investissements, comme il en existe peu sur notre continent, dans un hub aussi central, stable, dynamique et moderne qu’est notre pays », a-t-il assuré.

Une politique de grands travaux

Cette réappropriation du tissu industriel repose sur une politique de rattrapage en matière d’infrastructures routières, aéroportuaires ou énergétiques. Après avoir inauguré l’autoroute Yamoussoukro–Tiébissou, les projets structurants en cours dans le Grand Abidjan seront, pour la plupart, achevés en 2023. Il s’agit, entre autres, du Pont de la Baie de Cocody et de celui reliant Yopougon au Plateau, ainsi que des travaux de construction de 8 échangeurs. Les travaux d’extension en cours de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny, permettront à terme d’accueillir 5 millions de passagers, consolidant ainsi le positionnement du pays comme un hub aéroportuaire. Quant au métro d’Abidjan, il permettra de fluidifier les déplacements dans la capitale qui concentre près de 80 % de l’activité économique du pays.

Ces travaux doivent permettre également la transformation des villes secondaires, telles que Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo et San Pedro, pour en faire de grands pôles de développement. « La réalisation des grandes universités de ces villes, des centres de formation professionnelle, des hôpitaux ou de centrales électriques pour porter la production d’électricité à 6 000 MW d’ici 2030, concourent à cette vision », a réaffirmé le président de la République, Alassane Ouattara.

Des réformes qui facilitent le climat des affaires

La volonté du gouvernement d’améliorer l’environnement des affaires aura un rôle essentiel à jouer dans le succès de cette politique de développement, le pays ayant longtemps misé sur les dépenses publiques pour tirer la croissance. Une bonne partie des grands projets d’infrastructures à venir seront par exemple entrepris par des partenaires étrangers ou réalisés en collaboration avec ces derniers.

Une série de réformes a permis au pays de gagner 17 places au classement « Doing Business » de la Banque mondiale. La Côte-d’Ivoire a obtenu, en particulier, de bons résultats dans les catégories création d’entreprises et obtention de prêt. Parmi les réformes saluées, on peut citer l’amélioration de l’accès aux informations de crédit et l’élimination de l’obligation de recours aux services d’un notaire pour créer une entreprise. Le pays s’est également employé à stimuler la croissance des petites et moyennes entreprises (PME), par tout une série de mesures d’accès au crédit, avec pour objectif d’en doubler le nombre. Actuellement, si 98 % des entreprises ivoiriennes sont des PME, elles ne contribuent au PIB qu’à hauteur de 20 %.

1,683 Md € investi en 10 ans dans les activités portuaires

En décembre 2022, un 2e terminal à conteneurs du port autonome d’Abidjan a été inauguré. D’une superficie de 37,5 ha pour un investissement global de 905 M €, il est composé de 6 portiques de quai, de 13 portiques de parc, de 36 tracteurs électriques et de 2 élévateurs télescopiques. Avec un quai de 1 100 mètres de long, il peut accueillir des navires de 16 mètres de tirant d’eau. Avec cet ouvrage, la Côte-d’Ivoire se positionne comme le hub majeur de la côte ouest-africaine, en traitant annuellement 2,5 millions de conteneurs. 450 personnes veillent quotidiennement au bon fonctionnement de ces installations.

 

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